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20.05.2025 - N° 2.000
3 minutes de lecture

Nos parlementaires sont-ils bourrés ?

Par Jean-Philippe Feldman

Agrégé des facultés de droit, ancien professeur des universités,
maître de conférences à SciencesPo, avocat à la Cour de Paris..

Un élu de gauche témoigne : « Le soir, les débats ne sont plus tenables à cause de députés qui reviennent complétement bourrés de la buvette de l’Assemblée ». Cyrielle Chatelain, la Présidente du groupe Ecologiste et social, dont nous avons dit récemment dans une pendule tout le mal que nous pensions, a évoqué lors d’une réunion des présidents de groupe l’interdiction de l’alcool le soir. Yaël Braun-Pivet, la Présidente de l’Assemblée, a botté en touche en renvoyant les groupes à leurs responsabilités.

Le débat sur l’alcoolisation des parlementaires n’a rien de nouveau. Il s’était calmé après les élections législatives de 2017, puisqu’il avait été constaté en octobre 2017 que la consommation d’alcool avait baissé de 50 % depuis juillet (Ouest France, 11 octobre 2017). Néanmoins, le médecin de l’Assemblée Nationale confiait qu’en moyenne un député prenait 3 kilogrammes par an, en raison notamment de la consommation d’alcool.

Rappelons une spécificité du Palais-Bourbon (qui devrait plutôt s’appeler le Palais-Whisky…) : créée au début du XXe siècle, la buvette de l’Assemblée est accolée à l’hémicycle et l’alcool n’y est pas interdit, loin de là. Le Journal du Dimanche (23 février 2023) relevait cauteleusement que, débats nocturnes sur la réforme des retraites obligaient, la buvette avait affiché une pancarte : « Rupture de stock de Get 27 »… Une Ecologiste confiait : « On vide les tonneaux à vitesse grand V », tandis que des coquins du Rassemblement National avaient fait inscrire leurs consommations sur l’ardoise des députés Insoumis, lesquels avaient mis plusieurs semaines à s’en rendre compte (BFMTV-RMC, 27 février 2023). Pour la petite histoire, il existe une cellule de dégrisement dite « petit local » qui serait désaffectée depuis la fin du XIXe siècle, donc avant même la création de la buvette, et c’est semble-t-il regrettable…

En substance (toujours sans mauvais jeu de mots), si certains de nos parlementaires sont agressifs et d’un niveau affligeant, cela proviendrait de leur consommation excessive d’alcool. Si ce n’est que ces caractéristiques se retrouvent également en journée, particulièrement chez les partisans de Jean-Luc Mélenchon, et que tout le monde ne s’enivre pas alors. Il doit donc exister une autre explication.

Peut-être serait-ce parce que quelques-uns de nos élus auraient la fâcheuse tendance à se droguer ? Entre ce député Renaissance qui avait reconnu en 2023 avoir consommé de la cocaïne, ce sénateur mis en examen pour tentative d’agression sexuelle et qui avait été testé positif à de nombreuses drogues durant sa garde à vue, et ce député Insoumis interpellé alors qu’il achetait (avec son avance de frais de mandat !) des produits stupéfiants, les exemples sont nombreux. La macroniste Caroline Janvier assurait d’ailleurs en novembre 2023 qu’« il y (avait) des soirées où la drogue (circulait) ».

Pas étonnant ensuite que notre pays soit « addict » aux dépenses publiques…