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13.05.2025 - N° 1.994
 3 minutes de lecture


Et si on supprimait cinq jours fériés ?

Par Martin Le Roy


Martin Le Roy a créé « RH Action », cabinet de conseil en Ressources humaines spécialisé en relations sociales (www.rhaction.fr) et anime un réseau de 7 cabinets indépendants d’expertise RH. Il enseigne en Master RH à l’ISGP (Négociation et gestion des conflits, Protection sociale) et à l'EMLV-Léonard de Vinci (Outils RH et NTIC)..





Ce mois de mai, riche en jours fériés et « ponts », permet de rappeler que la suppression de cinq jours fériés annuels augmenterait le PIB de 0,2 %, rappelle le dirigeant Martin Le Roy. Pourquoi pas le lundi de Pentecôte ou le 15 août ?

L'année 2025 est généreuse en « ponts de printemps » avec trois jours fériés le jeudi : le 1er mai, le 8 mai, et le jeudi de l'Ascension. Les salariés libres de leurs choix vont « faire des ponts » avec le vendredi de congé, quitte à faire manquer l'école à leurs enfants. Les salariés plus contraints dans leurs choix obtiendront de leur employeur industriel des fermetures exceptionnelles pour travaux de maintenance.

Le sujet n'est pas nouveau et l'INSEE a calculé depuis fort longtemps que la suppression de 5 jours fériés en France générerait environ 0,2 % de PIB supplémentaire. En effet, au-delà des jours eux-mêmes, la désorganisation de la production générée par les fameux ponts est économiquement et financièrement coûteuse.

Supprimer cinq jours fériés

Alors que faire ? Sans parler de réforme, mot désormais tabou dans tous les contextes politiques, une évolution économique et sociale serait possible. Imaginons la suppression de cinq jours fériés en France et leur remplacement à négocier dans chaque entreprise, soit sous la forme de cinq jours de congés supplémentaires, soit sous la forme d'une augmentation générale des salaires de 2 %.

0,2 %
C'est l'augmentation de PIB qui serait générée par la suppression de 5 jours de congés selon l'INSEE.

En effet, cinq jours de congés forment une semaine de travail, et l'organisation de la prise des congés relève du pouvoir de direction de l'employeur. Cette absence autorisée du salarié, anticipée par son manager, permet facilement le remplacement si nécessaire ou la gestion de l'absence ponctuelle. Et 2 % d'augmentation générale des salaires représentent environ un quart de mois de salaire, qui représente lui-même environ 8 % (1/12) de la masse salariale. Quant au renvoi à la négociation d'entreprise - pas de loi supplémentaire par pitié ! - il donne enfin un sujet structurel constructif à négocier avec les délégués syndicaux ou au CSE de l'entreprise.

Il reste à choisir les jours fériés à supprimer parmi les deux militaires historiques du 8 mai et du 11 novembre, et les nombreux jours fériés, cultuels ou culturels, du jeudi de l'Ascension (travaillé dans la très catholique Italie), du lundi de Pentecôte (dont le Premier ministre Raffarin cautionna le statut désormais incertain : est-il férié ou non ?), du 15 août de l'Assomption de la très sainte vierge Marie, ou du 1er novembre de la Toussaint. Enfin ce choix pourrait être fait en cohérence avec le calendrier de fermeture des marchés financiers, ce qui pourrait permettre de créer le jour férié de Vendredi saint !

Le cas du 1er mai

Bien sûr les tenants de l'Histoire et de l'armée hurleront à la « perte de mémoire » par la suppression des jours fériés militaires, mais les élus pourront toujours déposer des gerbes, pour la grande satisfaction des fleuristes. Bien sûr, la très laïque Education nationale hurlera à la suppression des « vacances d'Ascension ». Bien sûr le monde du tourisme et de l'hôtellerie hurlera à la perte de chiffre d'affaires, mais il calculera vite la compensation par une semaine de congé supplémentaire. Le lundi de Pentecôte aurait enfin un statut stable : supprimé. Le 15 août est généralement déjà dans une période de congé, et travailler le 1er novembre n'empêcherait pas d'aller fleurir les tombes familiales le week-end le plus proche.

Tout ceci n'a rien à voir avec le cafouillage sur le 1er mai cette année en France. Après une mission d'Inspection du travail musclée le 1er mai 2024, et un jugement récent avec amendes, la branche professionnelle de la boulangerie a conseillé à ses adhérents employant du personnel de respecter la fermeture. De nombreuses autres branches professionnelles ou commerces autonomes se sont alignés sur cette sage décision, et ce 1er mai a été bien calme.

En effet, le 1er mai vient des revendications ouvrières pour la journée de travail de huit heures en 1884 aux Etats-unis, réprimées en 1886 par des massacres à Haymarket square à Chicago. En France, il a été instauré par le maréchal Pétain en 1941, et confirmé en 1947 comme unique jour férie chômé. Tout s'arrête, sauf une activité « qui par nature ne peut pas être interrompue », dit le Code du travail.

Il va de soi que le 1er mai ne rentre pas dans le périmètre de cette réflexion
sur une évolution raisonnable en France aujourd'hui.

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