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11.05.2025 - N° 1.992
 3 minutes de lecture


La guerre des générations

Par Bernard Spitz


Bernard Spitz est dirigeant d’entreprise, administrateur, conseiller de dirigeants, haut fonctionnaire et essayiste. En 2004, il crée BSConseil spécialisé dans l’impact de la révolution digitale sur les modèles économiques. Il conseille les dirigeants de groupes français et internationaux de Médias, Telecom, Services Financiers et participe à des opérations de M&A dans l’Energie, les infrastructures, les médias et la distribution..





Nos gouvernements portent sur leurs épaules un des piliers de la spoliation des jeunes : celui d'un endettement abyssal et du financement injuste de notre système social. Les boomers devront bien payer un jour l'addition.

Quand Emmanuel Macron a été élu président, chaque enfant était endetté de 30.000 euros à la naissance. Huit ans après, la dette est passée à 50.000 euros par Français. Si le monde que nous laissons aux nouvelles générations n'est ni celui de la paix, ni celui de l'écologie, il serait injuste d'en blâmer nos seuls gouvernants. En revanche, ils portent sur leurs épaules l'autre pilier de la spoliation des jeunes : celui d'un endettement abyssal et du financement injuste de notre système social.

Envers nos jeunes, il y a bien eu tromperie sur la marchandise de la part de tous : parents, profs et élus. Car qu'arrive-t-il dans un pays qui, pendant un demi-siècle, laisse filer les dépenses publiques, néglige industrie, enseignement et recherche, pratique l'overdose fiscale sur les actifs et favorise les retraités seulement parce qu'ils votent plus que les autres ? Il lègue à sa jeunesse un boulet éducatif, productif et financier.

Retraites et budget

Pourtant, c'est d'elle que dépend notre capacité à rester maître de notre destin, quand l'Europe affronte un changement copernicien de ses alliances, des rapports de force, comme de la mondialisation. Entre les baby-boomers et la génération Z, maîtres du digital et de l'IA, entrepreneurs avides d'inclusion et de flexibilité, les fondements d'un conflit entre générations sont posés.

On le voit avec les débats sur la retraite et le budget 2026. Rien de neuf ! Michel Rocard, Dominique Strauss-Kahn, Denis Kessler, Michel Pébereau, Jean-Hervé Lorenzi, Jean-Louis Borloo, François Bayrou … nous sommes nombreux à avoir lancé l'alerte depuis 50 ans. La démographie et l'inéluctable vieillissement de la population dictent deux conditions essentielles pour rétablir l'équité entre générations : une meilleure allocation à la baisse de la dépense publique et une part de capitalisation qui finance les retraites.

En 2060, un Français sur trois aura plus de 60 ans. Y aura-t-il d'un côté, plus de vieux, coûtant plus cher, n'ayant pas assez cotisé dans la vie active, mieux traités que les actifs ? Et de l'autre, moins de jeunes, surendettés, subissant la fiscalité la plus lourde d'Europe et la dette laissée par leurs aînés ? Un tel scénario est intenable.

Désindexation

Il y a 30 ans, il fallait initier une dose de capitalisation obligatoire. Raté ! On doit désormais gérer une transition lente qui n'inflige pas aux jeunes actifs une charge nette supplémentaire les faisant payer deux fois. Puisque les retraités continuent à accumuler plus d'épargne que toutes les autres classes d'âge - une aberration économique -, les mieux lotis d'entre eux devront supporter tôt ou tard une désindexation.

"Si l'on ne veut pas que notre jeunesse se venge, il est urgent
de lui redonner sa place dans le contrat social"
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L'inévitable hausse future de la TVA, elle, touchera tout le monde. Plutôt que de réduire la dépense, on s'est endetté pour payer la hausse de la masse salariale de l'Etat en 2024 : 107 milliards d'euros, une augmentation de 6,7 % pour une inflation de 2 %.

L'iniquité intergénérationnelle est partout. 17 % des 18-29 ans vivent sous le seuil de pauvreté. Faute de sélection raisonnée à l'université, le taux d'échec en première année des facs submergées atteint 50 %. Le chômage frappe 7,3 % de la population mais 20 % des jeunes, trois fois plus qu'en Allemagne. Le grave recul de la médecine scolaire a accru les inégalités de santé.

L'iniquité est partout

La France a fait le choix de la retraite des seniors, du déni des jeunes et de l'endettement de tous ! Au risque que des économies injustes soient infligées demain pour payer la note des dépenses injustes d'aujourd'hui. Si l'on ne veut pas que notre jeunesse se venge, il est urgent de lui redonner sa place dans le contrat social.

Réformes des savoirs, du travail, des comptes publics et sociaux, de la vie citoyenne : voilà les quatre côtés du carré magique pour réaligner les générations.

Sinon il faudra reconnaître que le réel inspirateur de notre politique de la jeunesse n'est autre que Groucho Marx quand il disait :
« Pourquoi devrais-je me préoccuper des générations futures ?
 Qu'est-ce qu'elles ont fait pour moi ? »


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