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09.05.2025 - N° 1.990 8 minutes de lecture Postures idéologiques et imposture morale de la gauche française Par Gilles-William Goldnadel ![]() Fondateur et président de l’association Avocats Sans Frontières, et président de l’Association France-Israël, Gilles-William Goldnadel se déclare « hostile à toutes formes d’antisionisme et d’antisémitisme indépendamment de leur orientation politique » (Le nouveau bréviaire de la haine) et dénonce l’émergence d’un « nouvel antisémitisme » d’une certaine partie de la gauche.Outre son engagement en faveur de l’État d’Israël, il est reconnu comme proche des milieux de droite (Une idée certaine de la France), et assez loin de l’extrême droite.. ![]() L’empressement de LFI et ses alliés à pointer l’«islamophobie» soi-disant à l’origine du meurtre d’Aboubakar Cissé n’a d’égale que la cécité volontaire de ce mouvement sur l’antisémitisme qui continue de prospérer à gauche. La gauche française, ce vieux bastion de l’humanisme affiché, s’est définitivement égarée dans une forêt obscure, guidée par la torche vacillante de La France Insoumise (LFI). À force de vouloir danser avec son extrémité, elle s’enfonce dans une forfaiture morale qui ne trompe plus grand monde. Entre instrumentalisation outrancière, procès d’intention et complaisance coupable, le tableau est aussi navrant qu’ironique. Prenons le pouls de cette dérive gauchère. Commençons par l’épisode tragique du meurtre d’Aboubakar Cissé, poignardé dans une mosquée de La Grand-Combe le 25 avril 2025. Un drame horrible, indiscutablement. Mais à peine le sang du malheureux avait-il séché que LFI, avec son flair légendaire pour la récupération, aidée par ses médias serviles, s’est empressée de hisser l’affaire en symbole d’une prétendue vague d’islamophobie galopante. Manuel Bompard, Fabien Roussel et consorts ont crié au scandale, dénonçant un « deux poids, deux mesures » dans la réponse de l’État, pointant du doigt Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, accusé d’avoir traîné des pieds. Problème ? Les faits racontent une autre histoire. Tout indique que l’auteur, un jeune Bosniaque d’une vingtaine d’années, était un déséquilibré, davantage fasciné par l’idée de tuer un homme que motivé par la haine du musulman. Le procureur d’Alès, Abdelkrim Grini, a lui-même précisé que si cette dernière piste était envisagée, l’individu semblait surtout animé par la « fascination de la mort » et une ambition morbide de se poser en tueur en série. Autrement dit, Aboubakar n’a pas été visé pour sa foi, mais parce qu’il était là, vulnérable, en un lieu que le tueur a choisi pour accomplir son geste. Quant à l’idée d’une communauté musulmane particulièrement martyrisée, elle ne tient pas : les statistiques montrent que les actes violents racistes ciblent bien plus souvent d’autres groupes, notamment les Juifs, avec une hausse des actes antisémites de 284 % en France entre 2020 et 2023, contre une augmentation bien moindre des actes anti-musulmans. S’il y a effectivement deux poids et deux mesures, c’est dans cet écart béant. Mais pour LFI, peu importe la vérité : un drame est une aubaine, et la vérité, une incongruité. Passons à Bruno Retailleau, transformé en épouvantail par une gauche en quête de salaud. On lui reproche d’avoir attendu deux jours avant de se rendre à Alès, près du lieu du crime. Deux jours, vraiment ? Dans un monde où les ministres jonglent avec des crises en cascade – attentats, agressions, narcotrafic –, ce délai est-il injurieux ? Le ministre s’est rendu sur place le dimanche 27 avril, a rencontré les autorités locales et exprimé sa « compassion » pour la victime, qualifiant le meurtre d’« ignoble ». Il a même annoncé un renforcement de la sécurité autour des lieux de culte musulmans. Trop tard, trop tiède, clame la gauche. LFI hurle à l’islamophobie d’État, oubliant que Retailleau, en tant que ministre des cultes, doit naviguer entre toutes les sensibilités religieuses sans en privilégier aucune. Et que dire du tollé autour de sa remarque sur le statut migratoire d’Aboubakar ? En mentionnant que la victime était « en situation irrégulière », Retailleau n’a pas cherché à la stigmatiser, mais à expliquer la difficulté de localiser sa famille, dispersée entre plusieurs pays africains. Une précision factuelle indiscutable, transformée en acte d’accusation par des Insoumis qui flairent le scandale comme des chiens truffiers. Accuser Retailleau de mépris, c’est comme reprocher à un médecin de préciser le dossier médical d’un patient. Mais pour LFI, tout est prétexte à crier au racisme, surtout quand la réalité ne suit pas. Si LFI mène la charge, elle entraîne dans son sillage des figures historiques de la gauche, comme Ségolène Royal, dont les déclarations ineptes ajoutent une couche de fange à cette dérive. Lors de la manifestation contre l’islamophobie à Paris, le député socialiste Jérôme Guedj a été chahuté, hué, avec des relents antisémites évidents – un incident que Bruno Retailleau a pointé comme symptomatique des dérives de LFI. Que fait Ségolène Royal ? Plutôt que de condamner sans ambiguïté ces insultes, elle les minimise (« des gamineries »), les liant à la « colère » autour de la situation à Gaza sans égard aucun pour le pogrom géant qui l’a provoquée. Une pirouette obscène qui respire la complaisance envers l’antisémitisme insidieux qui gangrène les discours de LFI, à peine masqué derrière un antisionisme pathologique. En 2025, alors que les actes antisémites explosent en France – 1 570 incidents recensés en 2024 selon le CRIF – cette relativisation est plus qu’une maladresse : c’est le symptôme d’une gauche qui, par soumission à son aile gauche, a perdu sa capacité de voler haut. En instrumentalisant la tragédie d’Aboubakar,
en montant des procès en sorcellerie contre un ministre qui a agi dans les limites de son rôle, et en fermant les yeux sur les dérives antisémites dans leurs rangs, LFI et ses alliés fracturent la société Ségolène Royal, jadis porteuse d’un socialisme modéré, a définitivement succombé à la tentation de suivre le mauvais vent mélenchoniste, où la cause palestinienne sert de paravent transparent à des dérapages permanents. Quand LFI brandit des photos d’enfants palestiniens à l’Assemblée pour dénoncer un « génocide » à Gaza, provoquant des sanctions pour violation du règlement, elle ne fait pas que défendre une cause : elle polarise, clive, et ouvre la porte à des amalgames infâmes. Royal, par mimétisme, préfère louvoyer plutôt que trancher, illustrant cette gauche qui, par peur panique de perdre des voix, se perd dans des postures toxiques. Ironie suprême : en accusant Retailleau de « diviser la France », LFI et ses alliés font exactement ce qu’ils reprochent à leurs adversaires. En instrumentalisant la tragédie d’Aboubakar, en montant des procès en sorcellerie contre un ministre qui a agi dans les limites de son rôle, et en fermant les yeux sur les dérives antisémites dans leurs rangs, ils fracturent la société. La gauche française, jadis porteuse d’universalisme, se retrouve à singer les méthodes qu’elle dénonçait chez ses adversaires : populisme, outrance, et un communautarisme à peine déguisé. Cette dérive n’est pas qu’une péripétie conjoncturelle : elle s’inscrit dans une histoire longue, où l’antisémitisme de gauche oscille entre régression contemporaine et constance historique. Deux ouvrages récents, brillants et incisifs, jettent une lumière crue sur ce phénomène. D’abord, La Gauche antisémite de Clément Weill-Raynal (Éditions L’Artilleur, 2025), un livre que j’ai particulièrement apprécié pour sa clarté et sa rigueur. Weill-Raynal, journaliste reconnu, y revisite les figures historiques de la gauche française, de Charles Fourier à Jean-Luc Mélenchon, pour démontrer comment l’antisémitisme, souvent drapé dans une critique du capitalisme ou de l’impérialisme, a gangrené certains courants. Il me remémore notamment mes propres combats judiciaires contre cette extrême gauche longtemps intouchable. Weill-Raynal décortique comment LFI, en cultivant un discours haineux sur Israël, attise les ressentiments intercommunautaires, transformant la cause palestinienne en un carburant pour des préjugés antisémites mortels. Son ouvrage est un réquisitoire implacable, mais aussi un appel – que je sais vain – à la gauche pour qu’elle se ressaisisse. Dans une veine complémentaire, Michel Onfray, dans L’Autre collaboration : les origines françaises de l’islamo-gauchisme (Éditions Plon, 2025), explore les racines intellectuelles de cette dérive. Onfray, avec son style de démolisseur iconoclaste, retrace une généalogie qui va de l’abbé Grégoire à Jean-Luc Mélenchon, en passant par Sartre et Foucault. Il soutient que l’antisémitisme de gauche, loin d’être une aberration, s’inscrit dans une tradition où l’utopisme et la complaisance envers certaines formes de violence viscérale – comme celle du Hamas – se mêlent à un antisionisme radical. Onfray accuse LFI d’incarner un islamo-gauchisme qui, sous prétexte de défendre les opprimés, fait du « Juif » un ennemi symbolique, héritier d’une vieille rhétorique anticapitaliste et anticléricale. Ces deux ouvrages convergent sur un point : LFI n’invente rien, elle recycle. En 1845, Alphonse Toussenel, socialiste utopique, écrivait dans Les Juifs, rois de l’époque que « Juif, usurier, trafiquant sont synonymes », posant les bases d’un antisémitisme économique qui resurgit aujourd’hui sous des formes modernisées. LFI perpétue cette logique, tout en l’adaptant à un électorat qu’Onfray décrit comme une « coagulation d’un électorat arabo-musulman » et d’une jeunesse « endoctrinée » par un gauchisme culturel. Cette régression, paradoxale pour une gauche qui se veut progressiste, n’est que la face visible d’une constance : l’incapacité à se confronter à ses propres démons. Alors, que reste-t-il de cette gauche ? Une coquille qui, sous l’influence de son extrémité Insoumise,
troque la raison pour l’émotion, la nuance pour la surenchère, et la démocratie pour une posture moralisatrice. Sous cette posture, l’imposture. ______________
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