![]() Toutes les news c'est ici Contact
Abonner un(e) ami(e) Vous abonner Qui sommes no |
|
29.04.2025 - N° 1.980 4 minutes de lecture Il est urgent de désengager l'Etat de la protection sociale Par Bruno Chrétien Après avoir dirigé une caisse obligatoire de retraite, depuis plus de 30 ans, je travaille à simplifier et optimiser la protection sociale des entrepreneurs et des salariés, en lien étroit avec les experts-comptables et professionnels de l’assurance. En tant que président de l’Institut de la Protection Sociale, je participe activement aux débats publics pour proposer des solutions concrètes d’amélioration des dispositifs de retraite, de prévoyance et d’épargne salariale.. ![]() Pour Bruno Chrétien, président de l'Institut de la protection sociale, les groupes de protection sociale, les mutuelles et les assureurs seraient aujourd'hui beaucoup plus qualifiés que l'Etat pour gérer efficacement la protection sociale obligatoire. Les
artisans du bâtiment le savent, la toiture se change quand il fait
beau, pas quand le temps s'assombrit. Sur le plan de notre protection
sociale, c'est tout l'inverse que nous allons vivre dans les prochaines
années. Nous allons devoir refaire de fond en comble la charpente et la
couverture alors que la tempête s'abat sur nous. Les décisions sages d'aujourd'hui procureront la sécurité et la prospérité de demain. Cette évidence fut oubliée par nos gouvernants durant près de 45 ans, et ce dans la plupart des domaines d'action de l'Etat. Etat interventionniste Nous avons laissé partir notre industrie à l'étranger, abandonné nos agriculteurs et notre souveraineté alimentaire, négligé notre savoir-faire en matière de soins et de médicaments, accepté la dégradation de l'éducation nationale, réduit le temps de travail et anticipé l'âge de départ en retraite alors qu'il fallait travailler plus pour maintenir notre niveau de vie. Durant toutes ces années, l'Etat a écarté ceux qui savaient faire en matière de retraite et d'assurance santé - les partenaires sociaux, les mutuelles et les opérateurs privés - pour s'immiscer dans tous les aspects du sujet. Avec le plan Juppé de 1995 instaurant les lois annuelles de financement de la Sécurité sociale, toute modification tenant au financement, à la santé, à la prévoyance et à la retraite devint du même coup un sujet politique. L'interventionnisme de l'Etat devient sans limite pour des résultats affligeants : · Des déficits chroniques et une dette immaîtrisable · La déresponsabilisation des acteurs de soins et des patients, qu'il s'agisse de la généralisation du tiers payant ou du 100 % santé, réformes apparemment vertueuses mais ayant fait perdre à chacun la notion du coût de la santé, · Une crise permanente de la retraite pour laquelle chaque réforme met dans les rues les manifestants par millions. Depuis le plan Juppé de 1995, toute modification tenant au financement,
à la santé, à la prévoyance et à la retraite est devenue un sujet politique. Face au blocage politique auquel nous a conduits la dissolution de l'Assemblée Nationale, mais surtout au refus des Français d'affronter de vrais problèmes, nos gouvernants constatent l'impasse de la gouvernance des réformes. En difficulté pour sortir de l'impasse politique sur les retraites, François Bayrou a lancé un conclave qui n'a trompé personne, voulant repasser les décisions impopulaires aux partenaires sociaux. Ces derniers ne se montrent d'emblée guère enthousiastes au vu de ce qu'ils ont vécu depuis des années avec l'assurance-chômage, l'Etat voulant s'arroger la réalité de la décision. Le système actuel, trop complexe, empêche toute réforme à la hauteur des enjeux et les Français n'y comprennent rien. Pourtant nous n'avons encore rien vu de la tornade qui va frapper l'Europe et plus particulièrement la France, imposant des choix financiers drastiques. Les dépenses sociales obligatoires vont devoir baisser de plusieurs points de PIB pour financer l'impératif de défense nationale et plus largement de sécurité. Désengager l'Etat Il devient urgent de désengager l'Etat de ce qui n'est pas son coeur de métier - la protection sociale notamment - pour le concentrer sur les tâches régaliennes qu'il accomplit de manière très insuffisante. La crise majeure qui s'annonce n'est-elle pas une opportunité pour revoir en profondeur la gouvernance de la protection sociale ? Les groupes de protection sociale, les mutuelles et les assureurs seraient aujourd'hui beaucoup plus qualifiés pour gérer efficacement la protection sociale obligatoire, à condition de leur laisser la réalité du pouvoir. Il est temps d'examiner sérieusement cette option pour réformer en profondeur la gouvernance de notre sécurité sociale et de nos retraites obligatoires. Très peu de temps nous reste pour un sursaut à la hauteur de l'enjeu.
Faute de quoi, les événements s'imposeront à nous dans toute leur rigueur. ______________
| ||
Qui
sommes-nous ? Nous écoutons, nous lisons, nous regardons... C'est parfois un peu ardu, et les news peuvent demander de l'attention. Mais elle sont souvent remarquables ! Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion et nourrir celle-ci. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs, et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation. Bien sûr, vos commentaires sont très attendus. ![]() |