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27.04.2025 - N° 1.975
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François : un pape marxiste ?

Par Guy Millière


Guy Millière, (spécialisation : économie, géopolitique). Titulaire de trois doctorats, il est professeur à l’Université Paris VIII Histoire des cultures, Philosophie du droit, Economie de la communication et Maître de conférences à Sciences Po, ainsi que professeur invité aux Etats-Unis. Il collabore à de nombreux think tanks aux Etats-Unis et en France.
Expert auprès de l’Union Européenne en bioéthique,
Conférencier pour la Banque de France..





Je suis agnostique, mais toutes mes valeurs sont juives et chrétiennes et j’ai le plus grand respect pour la religion chrétienne. Le pape a une autorité morale très importante et les responsabilités qui en découlent. Je comprends la douleur de millions de gens face à la mort du pape François..

Je me dois cependant de noter que ce pape a eu, hélas, une influence délétère.
S’il ne s’est pas écarté de tous les principes qui sont ceux de l’Église, il n’en a pas moins ébranlé plusieurs, au point qu’en 2022, deux cardinaux, Walter Brandmüller et Raymond Leo Burke, soutenus par trois autres cardinaux, Juan Sandoval Íñiguez, Robert Sarah, et Joseph Zen Ze-kiun, lui ont envoyé plusieurs questions essentielles. Elles portaient sur l’interprétation de la Révélation divine, la bénédiction des unions homosexuelles, la synodalité (modus vivendi et operandi spécifique de l’Église Peuple de Dieu) comme dimension constitutive de l’Église, l’ordination sacerdotale des femmes et la repentance comme condition nécessaire à l’absolution sacramentelle. François a répondu l’année suivante. Mais le fait que les questions aient été posées montre que les propos de François ont conduit des cardinaux à douter.

François a même ébranlé la définition que l’Église a toujours donnée d’elle-même, et les propos qu’il a tenus en septembre 2024 l’ont montré : « toutes les religions sont un chemin vers Dieu », a-t-il dit. « Ce sont comme des langues différentes pour parvenir à Dieu, mais Dieu est Dieu pour tous. Puisque Dieu est Dieu pour tous, nous sommes tous enfants de Dieu. Si vous commencez à vous disputer … où cela nous mènera-t-il ? Il n’y a qu’un seul Dieu, et chacun de nous a sa propre langue pour parvenir à Dieu. Certains sont sikhs, musulmans, hindous, chrétiens, et les chemins vers Dieu sont différents ». La religion juive n’est pas citée, et je me dois de le noter. L’hindouisme est polythéiste et ne peut être placé sur le même plan que les monothéismes, et l’islam est porteur de valeurs et de principes radicalement différents de ceux du judaïsme et du christianisme. La parole de François est très relativiste, c’est le moins qu’on puisse dire. Ces propos sont à relier à l’attitude de François vis-à-vis de l’islam, qui sont extrêmement éloignés de ceux de Benoît XVI qui, lui, était lucide sur le sujet. François a rencontré le grand imam d’al-Azhar, Ahmed Al-Tayeb, et rien n’indique qu’il lui a parlé des propos antisémites virulents que lui, Ahmed Al-Tayeb a prononcés souvent à al-Azhar : il s’agissait d’un dialogue sur « la paix dans le monde » et le « refus de la violence et du terrorisme », et parler de la haine des Juifs émanant des propos d’ Ahmed Al-Tayeb aurait dû avoir sa place dans le dialogue.

François, et cela va de pair avec ses propos, était hostile à toute mesure visant à freiner ou interdire l’arrivée d’immigrants musulmans sur le sol européen, et il semblait accepter l’islamisation de l’Europe et paraissait ne pas voir que ce qui est en jeu dans celle-ci est la survie des racines historiques et culturelles de l’Europe : une Europe dominée par l’islam ne serait plus du tout l’Europe. L’installation d’une population musulmane porteuse des valeurs et principes musulmans est l’installation d’une population qui ne peut s’intégrer à l’Europe et est porteuse de conflits graves qui sont en train de prendre forme.

Il faut ajouter à cela des prises de position de François qui ont fait dire à Javier Milei, président de l’Argentine, le pays dont François était originaire, que François était communiste. Il existe, bien que cela soit souvent nié, des proximités entre les positions de François et celles de la théologie de la libération, qui est un christo-marxisme, et François a semblé souvent prêcher l’évangile selon Saint Marx. Lire les écrits de Gustavo Gutiérrez et ceux de Leonardo Boff permet de voir ces proximités.



François a reçu du président marxiste bolivien Evo Morales un crucifix communiste par lequel la croix chrétienne prend la forme d’une faucille et d’un marteau, et a dit ne pas être offensé par le crucifix. François a qualifié le capitalisme d’ « excrément du diable ». Il s’est rendu à Cuba et a été reçu chaleureusement par Fidel et Raul Castro, mais n’a pas cherché à rencontrer le moindre dissident cubain. Il s’est fort peu intéressé aux Chrétiens persécutés en terre d’islam (l’exception a été son voyage en Irak en 2021), mais s’est nettement rapproché de la « cause palestinienne », cause terroriste. Lors d’un voyage défini comme « voyage en terre sainte » effectué en 2014, il a décidé de se rendre en Jordanie, puis à Bethléem, en territoire occupé par l’Autorité Palestinienne avant de se rendre à Jérusalem, et il a accepté à Bethléem de parler devant une grande image montrant Jésus comme un Palestinien enveloppé d’un keffieh, tué par des Israéliens, ce que je ne peux m’empêcher de considérer comme une façon d’entériner plusieurs falsifications de l’histoire. Jésus était juif. Il n’a pas été tué par des Juifs. À l’époque, il n’y avait aucun territoire appelé Palestine et pas de « peuple palestinien », car le « peuple palestinien » a été inventé par le KGB en 1967. François s’est ensuite rendu devant la barrière de sécurité à proximité d’une inscription disant Free Palestine et d’une autre inscription assimilant Bethléem au ghetto de Varsovie. J’étais à l’époque à l’Université hébraïque de Jérusalem, pour donner une conférence et participer à un colloque sur l’antisémitisme, et le spectacle m’avait mis en colère. J’avais écrit un article sur le sujet.

Lors de ce voyage, François avait choisi de se rendre en hélicoptère à l’aéroport de Tel Aviv, depuis Bethléem, pour ne pas franchir une frontière terrestre israélienne, et avait rejoint Jérusalem par la route, sans que Jérusalem soit mentionnée comme ville israélienne, alors que Bethléem était décrite dans la présentation du voyage comme « Bethléem, Palestine » et François avait rencontré à Bethléem Mahmoud Abbas, qu’il a aussi reçu au Vatican. Mahmoud Abbas était décrit dans la présentation du voyage comme « président de l’État palestinien ». Et le Vatican, sous François, a reconnu « l’État de Palestine », qui dispose désormais d’un ambassadeur au Saint-Siège. En décembre 2024, François a tenu à ce que la scène de la Nativité au Vatican montre Jésus reposant sur un keffieh (à nouveau un keffieh), et fait apparemment de Marie et Joseph des Palestiniens, ce qui a été un pas de plus dans les falsifications de l’histoire. Le 8 octobre 2023, le lendemain du pire massacre de Juifs depuis 1945, il a prononcé un sermon sans dire un mot sur le massacre. Il a, par contre, ensuite, montré sa compassion pour les habitants de Gaza, sans parler un seul instant des otages israéliens et de l’ignominie incarnée par le Hamas. Je cite : « Je suis avec vous, habitants de Gaza, meurtris et épuisés, qui êtes chaque jour dans mes pensées et mes prières. Je suis avec vous, qui êtes obligés de quitter vos maisons, d’abandonner l’école et le travail, d’errer à la recherche d’une destination pour échapper aux bombes. »



Je pourrais ajouter que François a pris des positions écologistes radicales et a fait paraître en 2023 “Laudate Deum,” une exhortation apostolique, donc une recommandation adressée aux fidèles, et des analystes américains ont dit que le texte, qui énonce, sans le moindre recul, des positions sorties des rapports du GIEC et s’en prend aux « grandes puissances économiques, soucieuses du plus grand profit » aurait pu être écrit par Greta Thunberg, que François a, d’ailleurs, reçue élogieusement au Vatican. Je laisserai de côté les excuses trouvées par François aux assassins islamistes qui ont frappé la rédaction de Charlie Hebdo. Inutile d’en rajouter.

François est présenté sans cesse comme le « pape des pauvres ». C’est totalement inexact. Il n’a prêté aucune attention, comme l’a dit Philippe de Villiers, aux pauvres d’Europe qui subissent la submersion islamique et aux pauvres occidentaux en général, et n’a prêté aucune attention aux habitants de dictatures communistes ou islamistes qui ont appauvri leurs populations. Il serait possible à la rigueur de le définir comme le pape des damnés de la terre selon Franz Fanon, et le pape des dictateurs prétendant représenter les damnés de la terre. François n’aimait pas la France, l’Europe et l’Occident, et il a comparé les camps d’internement d’immigrants illégaux, je cite, à des « lieux de détention, de torture et d’esclavage », créés par « cette civilisation développée qu’on appelle l’Occident ». Parce que Trump combat l’immigration illégale, il lui avait dit : « Une personne qui veut construire des murs et non des ponts n’est pas chrétienne ».

J’aimerais penser que le prochain pape renouera pleinement avec les valeurs fondamentales de l’Église et du christianisme. Je suis loin d’être certain que ce sera le cas. Les deux tiers des cardinaux ont été nommés par François parce qu’ils partagent ses orientations, et la décision appartient aux cardinaux. Je crains donc le pire, tout en espérant une bonne surprise.


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