Il y a bien longtemps que j’écris la chronique, sans aménité excessive, de la gauche médiatique. Sur ma page X, je me présente sans modestie particulière comme le «décodeur patenté de France Inter». J’égratigne Le Monde de manière régulière et il m’arrive de mordiller les talons de Libération. Mais j’avoue que, malgré mon expérience, la dernière semaine m’a plongé dans la sidération.

Il y a d’abord eu la comédie burlesque autant que grotesque du salut nazi d’Elon Musk. D’aucuns y ont vu un salut hitlérien. Pour rire beaucoup et me gausser un peu, j’ai publié sur X les photographies de Macron et de Mélenchon tendant le bras dans un geste qui aurait pu prêter aux mêmes divagations. Quel être de bonne foi peut croire une seconde que le patron de Tesla, qui n’a pas à ma connaissance adhéré au parti national-socialiste, qui ne cultive pas l’antisémitisme, et aspire au respect et à l’admiration de ses contemporains, aurait voulu faire allégeance au Troisième Reich défunt ?


Au-delà donc du plaisir pathétique de nuire dans un moment de grand désarroi politique et intellectuel, quel inconscient culturel tourmenté pousse à vouloir utiliser des moyens aussi dérisoires ? Seul l’antinazisme d’opérette devenu fou peut être mobilisé pour servir de réponse. Il y a plus d’un demi-siècle, pour combattre le gaullisme finissant, des histrions gauchistes comparaient déjà le CRS français au SS germain…

Pour tenter de servir de caution morale à Elon Musk, le premier ministre israélien a publié un message de soutien attestant que celui-ci était un ami d’Israël et du peuple juif. Las, dans cet antinazisme médiatique de folie, le malheureux avait oublié qu’il parlait au nom de l’État juif, blanc et génocidaire …

Comme pour valider ma thèse à l’excès, sur RTL, ce samedi avant-veille de la commémoration de la libération des camps de la mort, le comédien Jacques Weber, membre d’une communauté artistique incarnant le courage et la générosité, banalisait avec outrance le nazisme en déclarant avec un esprit de résistance revendiqué : «Il y a une feuille de cigarette entre le nazisme et Trump». Et, pour faire bonne mesure, d’ajouter dans l’esprit de Jean Moulin : «Trump est une ordure absolue, un gros dégueulasse qu’il faut supprimer littéralement».

Nul ne m’empêchera d’ajouter que personne, à gauche, ne se serait permis d’appeler aussi ouvertement à tuer MM. Sinwar et Nasrallah.


J’évoquais X. La semaine écoulée a vu la gauche médiatique naufragée quitter en masse le navire. Avec pour mauvais prétexte des fake news qu’elle-même n’a pas toujours évitées. J’observe surabondamment que lorsque le même X (ex-Twitter) n’était pas encore dirigé par son nouveau nazi, elle n’avait pas vu d’inconvénients à ce que Donald Trump en soit exclu tandis qu’un certain ayatollah Khamenei y était toujours actif pour publier ses gazouillis appelant à la disparition de la planète Terre d’un certain Etat .

Je remarque enfin que les mêmes sont beaucoup plus agressifs envers le réseau électronique américain qu’envers le Chinois TikTok qui tolère sans contrôle ces «influenceurs» algériens menacer des Français, des Kabyles ou des opposants aux geôliers de Boualem Sansal.

Mais l’apothéose médiatique de cette semaine psychédélique démente a été conclue par la RTBF. La chaîne publique wallonne aura en effet expliqué le plus sérieusement du monde qu’elle avait passé le discours d’investiture du nouveau président américain en différé pour pouvoir le soumettre au contrôle préventif d’analystes choisis selon de mystérieux critères mais qui, manifestement, sont tenus comme beaucoup plus intelligents qu’un vulgaire téléspectateur belge sans défense. Il s’agissait en effet officiellement d’un «cordon sanitaire médiatique». Force est de constater que pareille mesure prophylactique n’est pas utilisée lorsqu’il s’agit d’interroger en direct des personnalités islamistes.

Beaucoup ont alors compris que nous étions entrés dans un monde d’intolérance orwellien, pour utiliser une image qui pour être galvaudée n’en est pas moins pertinente.