La situation présente est le résultat de la dissolution de l’Assemblée nationale l’été dernier, des élections législatives qui ont suivi et des sordides manœuvres électorales concoctées par Macron, manœuvres auxquelles nombre de Français se sont soumis, comme des moutons de Panurge, et nombre de Français n’ont pas à se plaindre de la situation : ils ont contribué à la créer. Ils avaient, de toute façon, contribué à la créer en réélisant Emmanuel Macron en 2022.

Faute de majorité à même d’être constituée dès lors que l’Assemblée nationale est divisée en trois tiers dont aucun ne peut s’allier avec un autre, la France est ingouvernable, et ne peut pas avoir un gouvernement qui soit autre chose qu’un bric-à-brac inepte et incohérent, et le gouvernement Michel Barnier était exactement cela, et ne pouvait que mener une politique elle-même inepte et incohérente.

Alors qu’il faudrait arrêter le glissement économique de la France vers la chute, ce gouvernement n’a rien fait ou envisagé de faire pour cela.

Le budget proposé pour l’année qui vient et qui ne sera pas adopté était lamentable. C’est le budget de l’an dernier qui sera, semble-t-il, reconduit. C’était aussi un budget lamentable.


Alors que la France a les prélèvements obligatoires les plus élevés du monde développé, le budget de l’an dernier ne contenait rien qui diminue la pression fiscale sur les personnes et les entreprises et celui proposé pour cette année ne contenait lui-même rien qui aille dans ce sens, bien au contraire, puisqu’il incluait de nouveaux impôts et de nouvelles taxes. Tout économiste compétent sait que trop d’impôt tue l’impôt, comme l’avaient expliqué Arthur Laffer et Jude Wanniski dès 1978, et que passé un certain point toute augmentation d’impôts et de taxes a un rendement fiscal négatif, mais ceux qui gouvernent la France ont depuis longtemps révélé leur totale incompétence.

Et alors que la France a aussi les dépenses publiques les plus élevées du monde développé, les baisses de dépenses étaient essentiellement inexistantes dans le budget de l’an dernier, et tout aussi inexistantes dans celui proposé cette année, ce qui signifiait que le gouvernement dépensait et continue à dépenser sans compter et endette le pays de manière vertigineuse. Les deux postes les plus importants dans le budget de l’an dernier, comme dans le budget de cette année, étaient les “dépenses sociales” et les frais de fonctionnement de l’État. Les “dépenses sociales” multiplient les pauvres et les assistés. Les frais de fonctionnement de l’État multiplient les fonctionnaires et les réglementations asphyxiantes qui justifient la multiplication des fonctionnaires.

Les moyens qui restent pour les secteurs régaliens sont faibles, et cela explique l’indigence de l’armée et de la police françaises.

Accroître la dette du pays, d’ores et déjà écrasante, implique d’emprunter, et la confiance internationale envers la France s’approche de l’écroulement, cela d’autant plus qu’un nombre croissant d’entreprises françaises souffrent, et les dépôts de bilan et les plans de licenciement se multiplient. L’endettement va continuer à croître (il atteint 50.000 euros par Français), et quand les agences de notation dégraderont la note de la France, il va exploser.

Dans l’immédiat, le gouvernement Barnier restera, et gérera les affaires courantes. Il le fera conformément à ce qu’il est : de manière inepte et incohérente.

Peut-être un nouveau gouvernement inepte et incohérent sera-t-il créé par Macron dans les semaines à venir. Peut-être le gouvernement Barnier restera-t-il pour brasser du vent jusqu’aux prochaines élections législatives.


De nouvelles élections législatives ne pourraient avoir lieu qu’en juillet 2025, si Macron le décide. Macron peut aussi garder le superbe parlement d’aujourd’hui jusqu’en 2027.

Si Macron décide une dissolution, il faudrait espérer que les Français ne voteront pas à nouveau comme des moutons de Panurge. J’avoue penser que les Français peuvent fort bien voter de manière identique.

Des voix s’élèvent pour dire qu’une issue serait la démission de Macron, mais je pense que Macron ne démissionnera pas, et sa démission ne changerait de toute façon rien dans l’immédiat.

S’il démissionnait, il y aurait un nouveau président, et la même assemblée.

Le nouveau président pourrait être un macroniste façon Gérald Darmanin ou Édouard Philippe, ce qui conduirait à une continuité dans la médiocrité.

L’élection de Marine Le Pen me semble improbable, et pourrait conduire à une amélioration, mais si elle se produisait, elle s’accompagnerait vraisemblablement de manifestations et d’émeutes gauchistes, et je suis loin d’être certain que Marine Le Pen aurait la solidité requise pour affronter une tempête majeure.

Aucun autre candidat n’aurait la moindre chance, et il se peut qu’en mars un juge aux ordres déclare Marine Le Pen inéligible.

Quelques commentateurs disent qu’il faudrait un Trump français, ce qui contraste avec les voix de ceux, plus nombreux, confits dans leurs certitudes aveugles, qui disent que Trump est un abruti imprévisible.

Il n’y a, c’est un fait, aucun Trump sur l’horizon français. Il n’y a pas non plus d’Elon Musk sur l’horizon français. J’ai travaillé longtemps dans les milieux politiques français et j’ai été président d’un centre de recherche libéral avant de quitter la France, et je pense savoir à quoi m’en tenir sur ces points.

Les années Macron viennent au bout de plusieurs décennies de stérilisation de la France, et elles en sont le résultat.

La France se porte très mal sur tous les plans (si j’avais abordé ici les problèmes posés par l’immigration, l’islamisation du pays, les zones de non-droit, la criminalité, les juges d’extrême gauche, et les obsessions écologiques omniprésentes qui détruisent peu à peu toutes les libertés, j’aurais dressé un tableau plus sombre encore).

J’ai écrit un livre appelé Y a-t-il quelqu’un pour sauver la France ? il y a un an. Tout y est expliqué. Je n’ai pas à en changer une ligne. Non, hélas, il n’y a personne pour sauver la France.

Ceux qui auraient les idées requises ont été poussés vers les marges et peuvent obtenir 3 à 7 % des voix à une élection présidentielle, pas davantage.