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02.12.2024 - N° 1.831

Baisse de la natalité : que faire ?

Par Julien Damon

Julien Damon est sociologue, chroniqueur aux « Echos ». Il enseigne à Sciences Po, à HEC et à l’École nationale supérieure de sécurité sociale (En3s). Il a été directeur des études à la Caisse nationale des allocations familiales, chef du service « questions sociales » au Centre d’analyse stratégique. Il a publié plus de vingt-cinq ouvrages sur les questions sociales et urbaines.



Pour peser sur la fécondité, les pouvoirs publics doivent en priorité renforcer les offres de garde et recentrer les allocations familiales sur les premiers enfants, estime Julien Damon.

Depuis 2010, l'indice conjoncturel de fécondité est passé en France d'environ 2 enfants par femme à moins de 1,7 . Un cocktail d'explications se profile. S'y mélangent l'écoanxiété, les prix de l'immobilier, les coûts professionnels de la maternité et les changements de moeurs. Sur une planète où, partout, le désir d'enfant et la fécondité faiblissent, le drapeau tricolore continue néanmoins de flotter relativement haut sur le podium de la démographie occidentale. S'il faut ainsi la nuancer, la situation est toutefois de plus en plus préoccupante. Alors, que faire ?

Si l'on doit agir, c'est d'abord en complétant les efforts consentis en matière de petite enfance. Le système d'accueil des enfants de 0 à 3 ans a fait de grands progrès mais il connaît des trous dans la raquette. La plupart des parents souhaitent placer leurs enfants en crèche ou les confier à une assistante maternelle pour reprendre le travail après une naissance. Or ils n'y arrivent pas toujours.

Droit opposable

Trop souvent, des parents ou futurs parents sont contraints de mettre entre parenthèses des projets professionnels ou des projets familiaux. S'il y avait une priorité absolue, ce serait de réaliser le projet de service public de la petite enfance . Celui-ci, conférant désormais aux communes un rôle d'autorité organisatrice, passe par le renforcement de l'offre (crèches, assistantes maternelles), tant quantitativement que qualitativement. Il va jusqu'à la création à terme d'une forme de droit opposable à un mode de garde. Les parents auraient, comme pour l'école maternelle, une garantie de la collectivité pour que leur enfant bénéficie d'un accueil de qualité.

Afin de soutenir la fécondité, on peut également souhaiter un virage, dans notre système socio-fiscal, en faveur du premier enfant . La politique familiale française se distingue par sa progressivité en fonction du nombre d'enfants. Les allocations familiales démarrent à partir du deuxième enfant. Les réductions d'impôts sont plus importantes pour le troisième que pour les deux premiers.

Ce raisonnement repose sur une l'idée selon laquelle le premier enfant arriverait tout seul. Or cette logique a pris un sacré coup de vieux. Actuellement, le grand saut, c'est le premier bébé ! On devrait donc réviser l'horlogerie des prestations familiales afin que les parents bénéficient d'une allocation familiale dès le premier enfant.

Famille monoparentale

Piste plus originale, on pourrait soutenir les recompositions familiales. De nombreuses personnes, seules et sans enfant ou à la tête d'une famille monoparentale, entretiennent un désir d'enfant mais y renoncent faute de conjoint. Les pouvoirs publics pourraient aider les personnes qui le souhaitent à trouver ou retrouver quelqu'un. Nous pourrions imaginer du conseil matrimonial, des petites annonces en ligne (inspirées de Meetic, mais version gouv.fr) ou encore que les CAF organisent des rencontres. Pourquoi pas un bal de la CAF ?

Ces propositions peuvent sembler désuètes et rigolotes. Elles n'en sont pas moins assises sur des constats sérieux. On observe qu'une recomposition familiale sur deux conduit à l'arrivée d'un nouvel enfant ! Notons, au-delà des affaires techniques et bureaucratiques, que l'on attend beaucoup des politiques publiques. Or ces affaires de fécondité ont trait aux dimensions les plus intimes de nos existences.

Probablement les responsables publics cherchent-ils à peser sur ce qui demeure, en partie, insondable.
Mais les innovations se tentent !


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