Il y a deux ou trois jours, j’ai eu le plaisir de redécouvrir, et de regoûter (grâce à YouTube), cette œuvre magnifique de Jules Massenet intitulée "La méditation de Thaïs"  interprétée au violoncelle par le très talentueux Gautier Capuçon. Et je me suis demandé, avec le plus grand étonnement, mais comment un compositeur peut-il à ce point créer une multitude de nuances, de finesses et de subtilités qui font soulever votre âme et votre esprit dans un espace irréel de bonheur soudain. Mais je me suis dit également qu’il n’y avait pas que Jules Massenet à agir sur moi avec un tel effet. Car j’ai tout de suite pensé à certaines œuvres de Claude Debussy comme « Clair de Lune », « Arabesque1 », « Sirènes » ; à certaines œuvres de Camille Saint-Saëns comme « Le Cygne », comme « Introduction et rondo capriccioso » ; à certaines œuvres encore d’Erik Satie, de Maurice Ravel, de Georges Bizet comme « Carmen » qui avait fait dire à Nietzsche, transcendé :


De Saint-Augustin à Shopenhauer, beaucoup de philosophes ont évoqué ce baiser fou de la musique sur les âmes, véritable étreinte de Dieu pour une dimension céleste de quelques instants !

Mais soudain, je me suis étonné en prenant conscience que tous ces compositeurs des XIX et XXe siècles, propagateurs d’une indicible sensualité spirituelle donc… étaient français ! et qu’en plus, cette même sensibilité, on la retrouvait chez leurs ascendants comme François Couperin, Jean-Philippe Rameau, Marc-Antoine Charpentier, Marin Marais, Jean-Henry d’Anglebert… et j’en passe ! Mais ce n’est pas tout, car cette évocation m’a amené à penser soudain aux nombreux grands peintres et sculpteurs, aux nombreux poètes, écrivains et philosophes, aux nombreux scientifiques, mathématiciens, inventeurs, médecins et architectes que cette mère féconde qu’on appelle la France a enfanté. Et encore ! Je ne parle pas de sa langue dont un nombre incroyable de mots ont été adoptés par les principales langues du monde, et parfois sans complexe et sans vergogne, comme l’anglais, oubliant que la langue française s’énonce clairement et surtout pas avec de la bouillie dans la bouche !

Et soudain encore ! je me suis senti envahi par un immense sentiment de fierté, celui que l’on ressent, en respirant très fort dans le souffle du vent et de l’histoire, celui d’être un membre, certes, tout petit, mais qu’importe ! d’une civilisation brillante qui a laissé et laisse malgré tout encore son empreinte sur le monde, ne serait-ce que sur ses institutions.

Mais très, très vite, ce beau sentiment d’orgueil s’en est vite allé. La conscience m’a brutalement ramené sur terre, sur les cailloux écorcheurs de la réalité. Et à ce moment précis, une question multiforme horrible a pris mon esprit à la gorge, tel un assassin qui cherche à mettre fin à vos jours : « Que nous reste-t-il aujourd’hui de tout cela ? Qui sommes-nous aujourd’hui ? Que créons-nous aujourd’hui que le monde entier cherche à adopter parce qu’il sait que cela est bénéfique à l’humanité ? » En gros : « Sommes-nous encore une civilisation ? Et qui plus est brillante ? » Il faut être honnête, c’est-à-dire lucide. Désormais, nous planons dans un vide sidéral. Notre génie a disparu. Nous sommes aplatis, pour ne pas dire, avachis sur le sol glacial de notre disparition accélérée et sur notre échine, pèse le poids de plus en plus lourd, de plus en plus monstrueux de l’islam et de toutes ces idées symptomatiques de ce qu’il est convenu d’appeler notre dégénérescence.

Il n’y a qu’une chose qui peut nous sauver : DIEU !!! Et déjà, j’entrevois son souffle léger et salvateur dans l’âme d’une belle partie de la jeunesse et même également dans celle d’adultes…