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21.09.2024 - N° 1.759
Le budget de tous les dangers Par Simone Wapler
Simone Wapler a été directrice éditoriale des publications Agora, spécialisées dans les analyses et conseils financiers. Ingénieur de formation, elle a quitté les laboratoires pour les marchés financiers et vécu l'éclatement des bulles internet et du crédit subprime. ![]() Après
la difficile nomination d’un Premier ministre, attendons l’accouchement
encore plus difficile d’un budget qui sera probablement aussi
désastreux pour les finances publiques que pour nos finances
personnelles.
À la décharge d’Emmanuel Macron, la nomination d’un Premier ministre capable de plaire à une majorité de Français était une mission impossible. En effet, le nombre des suffrages recueillis par des partis dits extrémistes ou populistes montre que les Gaulois se défient des politiciens. Et « en même temps », ces mêmes Français croient aux promesses politiciennes concernant leur pouvoir d’achat, leur sécurité, leur retraite, leur santé, leur éducation… Les deux pilules mal digérées Le film Matrix, sorti en 1999 et devenu culte, décrit une société humaine asservie grâce à l’emprise d’une pilule bleue qui permet à ceux qui l’absorbent de rester dans une bienheureuse ignorance, évitant toute vérité dérangeante. Il existe toutefois un antidote, la pilule rouge, qui permet d’affronter la réalité et les vérités éventuellement désagréables Les Français semblent avoir ingéré et mal digéré les deux pilules, déclarant se méfier des politiciens, se plaignant de la pression fiscale, mais souhaitant sous-traiter toujours plus la conduite de leurs affaires privées à l’État. ![]() Ainsi, un gouvernement pourrait décider de leur pouvoir d’achat, pensent-ils… À titre personnel, mon éducation familiale me porte plutôt à croire qu’« à talent égal, celui qui travaille le plus gagne plus ». Mais il semblerait que ce ne soit pas le cas pour beaucoup de mes compatriotes, et qu’ils croient qu’un gouvernement peut créer du pouvoir d’achat. Par exemple en augmentant le SMIC à 1600 euros, promesse qui réconcilie les deux « extrêmes » : le NFP et le RN. Pourquoi 1600 euros, et pourquoi pas 1852,68 euros ou 16 000 euros ? Mystère… Sur ce sujet, mon éducation familiale a encore pris le dessus sur l’enseignement public. Il est avéré que le niveau du salaire minimum décrété par la puissance publique n’a jamais contribué à augmenter le pouvoir d’achat des masses. Dans les pays les plus riches, le salaire minimal fait l’objet de négociations de branches entre les industries concernées et leurs salariés. Un gouvernement ne crée pas de richesse, mais plutôt de la corruption Les échanges de valeur créent de la richesse. Les partages n’en créent pas. Les politiciens ne savent qu’organiser des partages de valeurs qui existent déjà et sont incapables de créer de la valeur. Exemple pour illustrer ce propos : j’ai 100 stères de bois. Je suis prête à les échanger contre des plants d’arbres truffiers. En effet, je sais que certains emplacements de mes bois seront favorables au développement des chênes ou des noisetiers truffiers. Le pépiniériste qui développe ces plants dits « mycorhizés » (ils sont spécialement traités pour être truffiers) a besoin d’énergie pour climatiser ses serres qui abritent ces jeunes arbres. Notre échange se traduira par une création de valeur au travers d’une nouvelle production de truffes, moins coûteuse que la truffe « sauvage ». ![]() Mais si l’État taxe mes 100 stères pour lutter contre les inégalités de chauffage, il n’y aura jamais aucune création de valeur. Cent stères seront brûlées dans des poêles par des gens qui n’auront pas acheté leur bois, et n’auront pas eu besoin d’exercer leurs talents pour se chauffer. Ils n’ont alors aucune incitation à créer de la valeur. Pour comprendre le mécanisme de création politique de la corruption, il faut aller plus loin. Prenons le cas de la production dite bio. Les producteurs qui passent en bio bénéficient de subventions. Celles-ci proviennent d’impôts (de prélèvements sur la valeur déjà créée) ou de d’argent emprunté (de prélèvements sur la valeur qui sera créée dans le futur). Malgré les subventions, ce qu’ils produisent reste plus cher que la production traditionnelle. Les prix de vente au détail des produits bio sont donc plus élevés que ceux des produits conventionnels. Par conséquent, le consommateur de bio qui est aussi contribuable y perd doublement en pouvoir d’achat. Il a payé des impôts qui ampute son pouvoir d’achat, et il paie plus cher pour un produit similaire. En revanche, le producteur bio subventionné y gagne. Lorsqu’il ira voter, ce dernier sera enclin à favoriser le parti politique qui soutient le bio qui appauvrit le consommateur… Certes, ce n’est pas de la corruption comme celle qui sévit dans les pays à mouches, c’est un processus plus subtil qui est l’apanage des pays dits développés et ultra-réglementés. Mais cela reste de la corruption : de l’argent a été pris de force et est donné contre des voix. Sachant qu’un gouvernement ne crée pas de richesses, comment peut-il assainir des finances publiques au bord du gouffre ? Le budget qui rééquilibre les finances publiques ? Il n’y a pas 36 manières de s’attaquer à la dette. Il n’y en a qu’une seule : il faut au minimum un budget à l’équilibre. Il existe deux façons d’obtenir un budget à l’équilibre :
Un exemple ? Le nombre de fonctionnaires. Ne pas remplacer un fonctionnaire qui part à la retraite, comme le propose Michel Barnier, ne se traduit par aucune économie. Un fonctionnaire retraité coûte aussi cher qu’un fonctionnaire en activité. En réalité, le Premier ministre n’a donné aucune piste de diminution notable des dépenses. En revanche, un signe clair d’augmentation des impôts a été énoncé. Citons Le Figaro du vendredi 6 septembre : « Interrogé sur le déficit public abyssal, qui devrait se creuser encore à 5,6 % du PIB cette année, le Premier ministre nommé jeudi a répondu : « Face à cette urgence, je ne m’interdis pas une plus grande justice fiscale […] Je vais m’efforcer, avec les différents ministres qui seront nommés, de mieux maîtriser, de mieux utiliser l’argent public et de m’appuyer sur des services publics, parce que nous avons besoin de services publics efficaces ». Ite missa est. La messe est dite. Mais pour vos finances personnelles, ce n’est pas encore le sauve-qui-peut. Pour deux raisons. La première est que les marchés voient pour le moment d’un bon œil la nomination de l’europhile technocrate, « étatiste de droite » qu’est Barnier. Pour preuve, les taux d’emprunt à dix ans se sont détendus depuis sa nomination, ce qui allège la charge de la dette. Ainsi, depuis ma dernière chronique, le rendement de l’OAT à dix ans est passé de 2,983 % à 2,869 %. Évolution sur un an du rendement des emprunts français à 10 ans ![]() La seconde est que toute augmentation d’impôt devra ne pas faire l’objet d’une motion de censure, mais faire l’objet d’un vote. Là encore, ce n’est pas gagné pour Barnier… Pour gérer au mieux vos finances personnelles dans cette trouble période, nous vous conseillons de garder un œil sur le rendement de l’OAT à dix ans, un autre sur l’évolution des cours de l’or en euro. Enfin, un petit temps de cerveau pour lire nos conseils
si vous souhaitez être plus actif que défensif.
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