Il est légitime de se demander pourquoi la gauche française n'a pas encore pleinement embrassé l'économie de marché, tout en restant fidèle à ses valeurs sociales, à l'instar des socialistes du Labour en Angleterre, des socio-démocrates en Scandinavie ou des socialistes allemands du SPD, qui ont su concilier progrès social et dynamisme économique depuis leur congrès de Bad-Godesberg en 1959. Même les communistes chinois, avec leur « économie socialiste de marché », ont réussi à sortir 700 millions de Chinois de l'extrême pauvreté grâce à l'entreprise, l'innovation et l'exportation, bien que ce modèle ne soit pas exempt de critiques, bien sûr.

La récente soumission de la gauche aux insoumis de LFI, dont les figures tutélaires sont Chavez et Maduro, ou encore Trotski et Lénine, est incompréhensible tant les conséquences des politiques inspirées par ces leaders ont toujours été dramatiques pour les pays concernés. Je tiens à dire clairement ici qu'il est tout aussi crucial de reconnaître que cette force centrifuge, qui pousse une partie de la gauche vers l'extrême, existe aussi à droite, avec un risque certain puisque le programme économique du RN est tout aussi populiste et dangereux que celui de LFI, même s'il est beaucoup moins détaillé.

3P : Prosperity, People, Planet

Ce qui compte aujourd'hui, ce n'est pas de diviser la France en factions irréconciliables mais de chercher les points communs qui peuvent nous rassembler, de trouver l'objectif qui enthousiasmera le plus grand nombre. C'est ce qui devrait occuper les députés récemment élus, bien plus qu'une énième tentative guignolesque de déstabilisation de nos institutions.

Je suis un entrepreneur de droite, fondamentalement, viscéralement. La liberté est ma vertu cardinale. Néanmoins, je crois fermement que la gauche française a sa place, son rôle à jouer dans la définition d'un rêve collectif pour notre pays, un rêve qui transcende les divergences idéologiques. Il est important de comprendre que le travail, loin d'être une contrainte, est une source de dignité et de développement personnel. L'objectif de la gauche ne devrait pas être de travailler moins, mais de travailler plus et mieux, dans des conditions qui respectent à la fois l'environnement, les individus et les entreprises, ainsi que je l'avais défini lorsque j'étais président de Business Europe avec ma théorie des 3P : Prosperity, People, Planet.

Les réformes engagées par Manuel Valls, notamment avec le CICE et la loi travail, ont montré que la gauche est capable de se réformer pour oeuvrer pour une France plus compétitive tout en préservant son modèle social. Ces réformes, avec celles d'Emmanuel Macron, ont permis de créer plus de 2 millions d'emplois et de redonner confiance aux entreprises et aux investisseurs. Cependant, il est essentiel que ces efforts se poursuivent dans un esprit de dialogue et de coopération, plutôt que de confrontation.

Compétitivité

Au lieu de stigmatiser les différences entre les courants politiques et de monter les Français les uns contre les autres, nos dirigeants devraient s'efforcer de s'inspirer des belles valeurs des Jeux Olympiques et de ses athlètes, et de trouver des terrains d'entente pour construire ensemble une France plus forte et plus unie. La compétitivité de notre pays, qui est la condition sine qua non pour augmenter le pouvoir d'achat de tous les Français, ne doit pas être un sujet de division, mais au contraire, un projet commun autour duquel tous les Français, quelles que soient leurs convictions politiques, peuvent se rassembler.

Nous devons être vigilants face aux dérives des extrêmes, qu'ils soient de gauche ou de droite, car ces positions radicales ne peuvent qu'accentuer les fractures au sein de notre société. Il est impératif que chacun de nous, quel que soit son bord politique, garde à l'esprit que la vraie force réside dans notre capacité à travailler ensemble, à bâtir des ponts plutôt que des murs, à construire des équipes plutôt que des adversaires. La gauche française, tout comme la droite, a ses propres atouts et ses propres visions pour l'avenir. En combinant ces perspectives, en cherchant à comprendre ce qui nous rapproche plutôt que ce qui nous divise, nous pourrons bâtir un avenir meilleur pour la France.

Nous avons besoin d'une France unie, où chaque citoyen se sentira partie prenante d'un projet collectif ambitieux, basé sur le travail, la confiance, l'entreprise, l'innovation et la solidarité. Ce dont nous n'avons pas besoin, c'est d'une France immobile, qui ne change pas, qui n'évolue pas et qui blâme systématiquement l'autre.