Pour les athlètes qui participeront aux Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, l'objectif est parfois double : monter sur le podium et pulvériser un record dans leur discipline.

Les médaillés auront en outre le privilège de décrocher un morceau de Tour Eiffel en forme d'Hexagone, et de repartir avec celui-ci à leur cou. Sur chaque médaille, figure un insert métallique ayant participé la rénovation du monument parisien.

« Quoi de plus symbolique que de ramener à la maison un morceau d'un tel patrimoine français ! », s'enthousiasme Martin Fourcade, le quintuple champion olympique de biathlon qui préside la commission Athlètes de Paris 2024 . Lors de la présentation du dessin des médailles, Tony Estanguet , le président du comité d'organisation (Cojop) a également salué la performance de la réalisation de cette médaille. « Cet objet exceptionnel devait rencontrer un autre symbole très fort de notre pays et de notre capitale », a-t-il déclaré. Et, ce symbole a tout son poids, puisqu'en totalité, ce sont plus de 91 kg de fer puddlé qui ont été récupérés grâce à la Société d'exploitation de la Tour Eiffel.

Haute joaillerie

« Citius, Altius, Fortius - Communiter » (« plus vite, plus haut, plus fort ensemble »), la devise olympique semble taillée pour décrire le défi de la Monnaie de Paris qui frappe les médailles d'or, d'argent, de bronze depuis les Jeux modernes d'Athènes en 1896. Longtemps rien n'est trop codifié et l'institution façonne en 1910 et les éditions suivantes des médailles en forme rectangulaire. A partir des JO d'Amsterdam en 1928, la cérémonie de remise de médailles impose cependant d'elle-même une dimension plus aisée à porter, avant que l'on intègre définitivement un passage obligé sur un podium.

Pour Paris 2024, 5.084 médailles ont été éditées, dont 2.618 olympiques et 2.466 para-olympiques. Leur calibre est identique - 85 mm de diamètre et 9,2 mm d'épaisseur - mais leur poids diffère. Il varie selon les métaux, 529 grammes, dont 6 grammes d'or (norme CIO/IPC), pour l'or, 525 grammes pour l'argent et 455 grammes pour le bronze. La Monnaie de Paris ne communique pas le coût de la fabrication.

Pour la première fois, c'est un joaillier, la maison Chaumet détenue par LVMH (propriétaire des « Echos »), partenaire des Jeux Olympiques Paris 2024, qui les a conçues. La commande a été initiée par le Cojop. Et la mission accomplie dans le plus grand secret. « Cinq personnes seulement ont participé à ce projet » au 12, place Vendôme, adresse de l'hôtel particulier du joaillier qui y possède son atelier, témoigne Clémentine Massonat, responsable du design chez Chaumet.

Les équipes créatives de la maison parisienne qui fut joaillier de l'Empereur Napoléon, ont travaillé à partir de la consultation de leurs archives qui contiennent quelques médailles commémoratives. « On a serti ce morceau de tour Eiffel comme une pierre précieuse en haute joaillerie », explique Clémentine Massonat. L'idée que la médaille s'approche dans sa réalisation du travail d'exécution d'un bijou est assumée. Chaque pièce est insérée grâce à la technique du sertissage « griffe » traditionnellement utilisée en haute joaillerie.

La tour Eiffel face à l'Acropole

Symbole de Paris mais aussi manière de célébrer les Jeux olympiques d'été de 1924 qui s'y étaient déroulés, la représentation de la Tour Eiffel constituait la seule demande spécifique du « brief » de création. La Monnaie de Paris affirme ne pas avoir rencontré de difficultés particulières pour réaliser ces médailles comportant pour la première fois pour chaque unité une pièce de 18 grammes placée au centre et auréolé d'un facettage pour symboliser le rayonnement.

Identique pour chaque édition des Jeux Olympiques, la face arrière illustre traditionnellement les Jeux antiques et le stade Panathénaïque, où les Jeux modernes ont eu lieu pour la première fois en 1896. Les médailles gravées « Paris 2024 » innovent toutefois en intégrant le dessin de la tour Eiffel que l'on découvre avec surprise face à l'Acropole.

Le Comité para-olympique international (IPC) a, lui, laissé le choix à une création libre des médailles or, argent et bronze pour les récompenses para-olympiques. Chaumet a choisi d'y représenter une vue en contre-plongée de la Tour Eiffel. L'inscription « Paris 2024 » figure sur la médaille en braille universel, écriture inventée par le Français Louis Braille.