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06.05
.2024 - N° 1.6182

« IA Washing » ou
le retour redouté du Turc mécanique


Par
Nicolas Arpagian
  
Nicolas Arpagian est vice-président du cabinet HeadMind Partners


L'automate joueur d'échecs de la fin du XVIIIe siècle servait en réalité à dissimuler un joueur qui
 muni d'aimants, déplaçait les pièces sur l'échiquier.


Si le recours affiché à l'intelligence artificielle dope désormais jusqu'à la moins technologique des présentations commerciales, seule l'expertise détectera
les fausses promesses.

L'automate joueur d'échecs de la fin du XVIIIe siècle, connu sous les traits du Turc mécanique , a leurré les plus grands noms de son temps comme Benjamin Franklin, Napoléon Bonaparte, Marie-Thérèse d'Autriche ou Frédéric II de Prusse.

Tous se sont laissés abuser par la performance technique se déroulant apparemment sous leurs yeux, le discours enchanteur et l'invitation qui leur a été faite de vérifier ses entrailles. Soit un entrelac d'engrenages complexes et de mécanismes relevant de la haute horlogerie. Cette machinerie ayant été précisément conçue pour donner l'illusion qu'un mannequin enturbanné peut rivaliser avec l'esprit tactique d'un cerveau humain. Elle servait aussi à dissimuler le joueur qui, muni d'aimants, déplaçait depuis sa cachette les pièces sur l'échiquier.

Alors que la véritable intelligence artificielle (IA) est de nature à susciter effectivement de nouvelles formes de créations, de productions et de communications, on constate depuis quelques mois une prolifération tous azimuts de déclinaisons publicitaires de l'IA.

Quand l'IA n'est qu'un slogan

Il n'y a pas un domaine qui soit épargné : c'est désormais la formule sacrée mise en avant pour donner une valeur et une modernité à toutes les stratégies d'entreprise, de la PME au grand groupe. Le mantra semble invoqué, dans la plupart des cas, avec le secret espoir que l'interlocuteur se satisfera de ce slogan et n'interrogera pas plus avant la réalité technique qu'il est censé incarner.

A l'instar des spectateurs qui se contentaient pour tout contrôle d'ouvrir les placards placés sous le pseudo-joueur d'échecs d'antan. Illustration de cette communication abusive sur une prétendue maîtrise de l'IA : la condamnation le 18 mars 2024 par l'organe fédéral étatsunien de règlementation et de contrôle des marchés financiers, The Securities and Exchange Commission (SEC), de deux sociétés de conseils.

Au motif que ces firmes - depuis 2019 pour le cabinet Delphia, et en 2023 pour Global Predictions - affirmaient dans leur communication et leurs argumentaires promotionnels que leurs choix d'investissements s'appuyaient sur leurs équipements et savoir-faire en matière de machine learning et d'intelligence artificielle. Leur permettant notamment de « prédire les fortes performances à venir de sociétés afin d'acheter leurs titres avant tout le monde ».

La SEC a estimé que ces consultants étaient en réalité dépourvus de l'outillage technique et des compétences requises pour conduire ce type d'analyses. Et Gary Gensler, le président de la Commission de justifier les sanctions prononcées par son instance : « Un tel IA washing nuit aux investisseurs ». Mais pas seulement à ceux qui placent de l'argent.

En effet, cela contribue à susciter in fine une certaine défiance au sein des entreprises dès lors que les solutions promises ne fourniraient pas les résultats attendus. C'est la raison pour laquelle l'engagement dans une politique d'IA ne peut pas se résumer au lancement désordonné de Proofs of Concept (POCs) - démonstration de faisabilité - ou à la commande effrénée de cartes graphiques.

La demande doit venir des métiers pour répondre à des besoins clairement identifiés. Grâce à une assistance à maîtrise d'ouvrage adaptée, les jeux de données pertinents et les modèles algorithmiques ad hoc seront combinés afin de fournir l'outil à même de répondre aux attentes des opérationnels. Avec une démarche d'explicabilité, cela contribue à outre à diffuser la connaissance en IA au-delà de la communauté originelle des experts.

Ce qui est vertueux pour l'élaboration de futurs chantiers faisant appel à cette technologie.

L'apport de l'IA au service des organisations et des modèles d'affaires est
si crucial qu'il ne faut pas le laisser aux mains des bonimenteurs.
Fussent-ils joueurs d'échecs à leur temps perdu.




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