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26.04.2024 - N° 1.612

Education : les atouts du privé

Par
Paul Cahu
 
Paul Cahu est économiste de l'éducation, consultant pour la Banque mondiale.



Privatiser le secteur de l'éducation n'est ni souhaitable, ni faisable, ni pertinent. Mais pour l'expert Paul Cahu, consultant pour la Banque mondiale, il est urgent, pour des questions de justice sociale comme d'efficacité, d'analyser les causes profondes de l'écart de performance entre collèges privés et publics.

Les indicateurs de performance des collèges 2023 ont été publiés et, comme l'an passé, ils sont à l'avantage du secteur privé. Ces données confirment que le contrôle continu est plus indulgent dans les établissements défavorisés et que les notes à l'examen final du diplôme national du brevet (DNB ) sont une mesure plus fiable du niveau des élèves.

Les apprentissages sont largement déterminés par les conditions socioéconomiques et culturelles dans lesquelles les enfants grandissent. En moyenne, les collèges favorisés afficheront immanquablement de meilleures notes. De plus, le secteur privé, contrairement au public, peut sélectionner à l'entrée les écoliers les plus prometteurs.

Les chercheurs du ministère peuvent prédire les notes qu'un collège devrait obtenir selon le niveau social et scolaire de ses élèves. En comparant la note de la session finale à cette prédiction, ils calculent un indice qui s'apparente à une « valeur ajoutée ».

Les collèges publics et privés suivent les mêmes programmes, leurs enseignants ont les mêmes qualifications, la même formation (avec les mêmes écueils), les mêmes salaires et les mêmes congés. Pourtant, en 2023, les notes finales dans le privé étaient supérieures de 1,8 point à celle du public, tandis que la valeur ajoutée était aussi plus forte, de 0,6 point.

L'équivalent d'une année d'étude

Deux tiers des écarts de note s'expliquent donc par des différences entre les élèves. Le reste ne peut pas être mis sur le compte de la « ségrégation scolaire » et doit être expliqué. Ces quelques dixièmes d'écart traduisent d'énormes différences en termes de savoirs et de compétences. Les enquêtes internationales comme Timss ou Pisa permettent d'estimer qu'un point de moyenne en plus au DNB équivaut à deux années d'école supplémentaires.

Un élève du privé sort de troisième avec plus d'un an d'avance sur un camarade de même milieu social et avec les mêmes acquis en fin de CM2 mais qui a fait sa scolarité dans un collège public. Cette différence de qualité est considérable. Si l'on pouvait par une baguette magique rendre les collèges publics aussi efficaces que semblent l'être ceux du privé, les Français gagneraient l'équivalent d'une année d'étude, soit 135.000 euros de revenu supplémentaire sur toute une vie.

Privatiser le secteur de l'éducation n'est ni souhaitable, ni faisable, ni pertinent. Mais il est urgent, pour des questions de justice sociale comme d'efficacité, d'investiguer les causes profondes de cet écart de performance.

La première chose à faire serait de compléter, voire de remplacer, le DNB par des évaluations de compétences, plus précises, et plus justes aussi, car exemptes d'aléas de notation. La comparaison directe avec les évaluations d'entrée en 6e permettrait de calculer une véritable valeur ajoutée, comme c'est le cas au Royaume-Uni depuis trente ans. Avec ces mesures plus scientifiques, il ne serait pas étonnant que l'écart réel entre les secteurs s'avère réduit.

La seconde nécessité, c'est de publier en regard de la valeur ajoutée au moins trois indicateurs dont on peut soupçonner qu'ils jouent un rôle clé. Le premier, c'est le climat disciplinaire, qui est plus dégradé dans le public que dans le privé. Or l'on sait, notamment grâce à l'enquête Pisa, que l'agitation dans les classes de France est non seulement une exception culturelle mais aussi l'une des principales raisons de l'échec scolaire.

Le deuxième indicateur, ce sont les heures de cours perdues. Elles sont beaucoup plus nombreuses dans le public. Et la pandémie nous a démontré que chaque heure perdue se traduit par des apprentissages en moins. Le troisième indicateur, c'est la dépense totale par élève. Les collèges sous contrats bénéficient de subventions généreuses, les différences de moyens financiers doivent être rendues publiques.

Avec cette nouvelle publication, l'Education nationale est au milieu du gué. Il reste un pas pour faire la transparence sur la performance des établissements scolaires.



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