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31.03.2024 - N° 1.586 IA : on ne vous demande pas votre avis
Par Karl Eychenne Karl Eychenne est chercheur chez Oblomov & Bartleby. ![]() Malheur
à ceux qui ne prendront pas le train en marche, l'intelligence
artificielle impose son rythme dans sa course folle. Et le monde est
prié d'emboîter le pas, s'inquiète Karl Eychenne. « Que tous ceux qui ne sont pas d'accord avec l'IA lèvent le doigt, et retournent dans leur caverne ». Un peu caricatural, mais c'est un peu comme cela que les choses nous sont présentées. Comme si nous n'avions pour seuls choix que le progrès ou la peau de bête. Pourtant, on n'est pas obligé d'être aussi binaire, même s'il est ici question de bit. On a le droit de se sentir quelque peu bousculés par ce tsunami 2.0 qui vient droit sur nous. L'IA va changer nos vies comme jamais aucune autre révolution technologique ne l'a fait. On peut quand même se poser deux secondes avant de faire le grand saut dans le vide. De toute façon, il est déjà trop tard. L'IA a déjà gagné la partie. A voir les plus grands décideurs économiques boire les paroles du père de ChatGPT ( Sam Altman ) durant le dernier sommet de Davos, on ne se fait plus aucune illusion sur notre volonté de prendre un peu de recul. L'IA est déjà là, dans nos expertises médicales, les devoirs de nos enfants, les articles de journaux, les créations artistiques. Bientôt dans nos pensées, nos fantasmes. Un jour, l'IA sera probablement la matière dont seront faits nos rêves. Une piñata pleine de surprises Mais l'IA a bon dos. En fait, cela fait bien quelques années maintenant que le progrès décide pour nous. Nos enfants n'habitent déjà plus sur la même planète que nous. Et nous-mêmes, nous ne nous sentons plus chez nous, dans ce monde nimbé d'appareils dont nous ignorons le fonctionnement pour 99 % d'entre eux. Pourtant, ce n'est rien à côté de ce qui nous attend. L'électricité, la machine à vapeur, les technologies de l'information (TIC) ont changé notre rapport à l'espace - temps, et aux autres. L'IA promet de changer notre rapport à nous-même, notre propre corps, nos pensées. Il y a quand même quelque chose de troublant dans cette affaire. Car au départ, rien ne prédisposait l'IA à gagner la partie aussi facilement. Dans sa version critique, l'IA passe pour le superordinateur qui finit par se désespérer d'obéir à des humains si bêtes, tel HAL 9.000 dans l'Odyssée de l'espace. Dans sa version angélique, l'IA passe pour une piñata contenant tout un tas de bonnes surprises promettant de ravir tous nos sens et résoudre tous nos problèmes. La bataille semblait équilibrée entre ces deux visions de l'avenir. Mais curieusement, c'est souvent la version angélique qui remporte tous les suffrages lorsqu'il est question de progrès technologique. Le principe de précaution s'efface alors pour laisser place au vertige du progrès. Après ChatGPT, voici Sora Pourtant, l'histoire nous enseigne que le progrès est toujours biface. Chaque percée technoscientifique porte en elle les germes du merveilleux, et de l'apocalypse. C'est comme cela. Il n'y a pas de lumière sans ombre. Rien de nouveau sous le soleil, la pensée critique du progrès est riche de nombreuses réserves de la part de grands penseurs (Jacques Ellul, Paul Valéry, George Orwell…). Et ce même parmi les principaux acteurs de ce progrès : « le progrès technique est comme une hache qu'on aurait mise dans les mains d'un psychopathe », Albert Einstein. L'IA ne pouvait pas échapper à cette pensée critique. La méfiance qu'elle devait susciter semblait bien à la hauteur des promesses qu'elle nous adressait. Mais non. Cela n'aura pas suffi. Un certain pan de la communauté scientifique, politique, économique a bien tenté le diable en proposant une mise en quarantaine de la recherche sur l'IA. Le temps que l'on y voit plus clair dans cette affaire, d'imposer des garde-fous avant que l'IA ne prenne le contrôle de tout. Un projet mort-né. Perdu d'avance. Comme si l'on pouvait dire au progrès d'attendre un peu , le temps qu'on le rattrape. Déjà, il semble impossible de résister aux sirènes de ChatGPT. Bientôt, Sora la nouvelle pépite d'OpenAI promet d'enfoncer le clou. Il s'agit d'une IA capable de générer des séquences vidéo à partir d'une histoire qu'on lui propose. Demain ? Même l'imaginaire bute devant les potentialités de l'IA.
Inarrêtable, fascinante, effrayante.
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