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05.11.2023 - N° 1.440 Le capitalisme, clé de voûte de la prospérité moderne
Par Chelsea Follett Chelsea Follett est rédactrice en chef de HumanProgress.org, un projet du Cato Institute qui cherche à sensibiliser le public aux progrès économiques et sociaux dans le monde en fournissant gratuitement des données empiriques et statistiques. Diplômée de l'Université de Virginie, ses centres d'intérêt sont les relations internationales et la théorie politique. Elle publie régulièrement des articles dans la presse américaine : Wall Street Journal, USA Today, Newsweek, Forbes ou Global Policy Journal. ![]() Malgré
la montée de l’anticapitalisme dans l’ensemble du spectre politique,
Johan Norberg apporte un éclairage important sur les bénéfices et
avancées majeures apportés par le capitalisme, comme la réduction
historique de la pauvreté et la baisse de la mortalité infantile. Bonne nouvelle pour les partisans du bipartisme : malgré le contexte politique hyperchargé, un nombre sans cesse croissant de personnes de part et d’autre du spectre politique s’accordent sur un point ! Malheureusement, il s’agit d’une notion qui, mal comprise, pourrait saper les politiques et les institutions qui constituent le fondement même du monde moderne. Ce point d’accord, c’est l’idée que le capitalisme, la mondialisation et le libre-marché ont échoué. En effet, bon nombre des idées exprimées par Karl Marx et Friedrich Engels dans leur opus majeur, Le Manifeste communiste, gagnent du terrain. L’obsession de la lutte des classes transcende les divisions politiques, dominant à la fois les couloirs du monde universitaire de gauche et les paroles de l’hymne de la « nouvelle droite », Rich Men North of Richmond. De plus en plus de voix s’élèvent pour rejeter l’économie du laisser-faire, considérée comme dépassée. Les complexités du monde moderne, affirment-ils, exigent une action publique vigoureuse pour soutenir les industries nationales, rapatrier les chaînes d’approvisionnement mondialisées à risque et protéger les marchés nationaux des vicissitudes de la concurrence internationale. Des sondages récents montrent qu’environ 21 % seulement des Américains ont une vision très positive du capitalisme, ce chiffre tombant à 11 % chez les moins de 30 ans. La montée du scepticisme à l’égard du capitalisme ne se limite pas aux États-Unis ; de l’Amérique latine à l’Europe, l’anticapitalisme fait fureur. En France, une majorité d’adultes (62 %) exprime une opinion négative sur le capitalisme. À une époque où la libre entreprise est sans cesse tournée en dérision, un homme se dresse contre l’esprit anticapitaliste en déclarant : « Le marché libre mondial sauvera le monde. » Qui est cet individu qui ose exprimer un point de vue aussi controversé ? « Personne n’est particulièrement enthousiaste à l’égard de la mondialisation aujourd’hui », a observé le journaliste Po Tidholm à la radio publique suédoise en 2020, « à l’exception peut-être de Johan Norberg ». Norberg, auteur et historien des idées suédois et l’un de mes collègues au Cato Institute, porte l’accusation avec fierté, la citant au début de son dernier livre, The Capitalist Manifesto. Compte tenu du climat intellectuel actuel, la sortie de ce livre aux États-Unis ne pouvait mieux tomber. Ce n’est pas le premier à proposer un tel titre ; parmi les auteurs de Manifeste capitaliste, on peut citer Robert Kiyosaki, Andrew Bernstein, Louis Kelso et Mortimer Adler. Comme le fait remarquer Norberg, il n’y a qu’un seul Manifeste communiste, mais il y a de nombreux manifestes capitalistes, car le capitalisme permet justement une grande diversité de pensée. Parmi les anciens ouvrages de Norberg, citons In Defense of Global Capitalism, qui, comme son titre l’indique, était une défense de la libre entreprise contre les détracteurs de gauche du système. Mais au cours des deux décennies qui ont suivi la publication de ce livre, l’expression de la haine du capitalisme est devenue un passe-temps en vogue chez les populistes de gauche comme de droite. À la lumière de cette tendance, Le Manifeste du capitalisme présente une réaffirmation actualisée et éloquente des principes du libre-marché dont on avait bien besoin. Le livre aborde les critiques les plus fréquemment formulées à l’encontre des marchés aujourd’hui, et cherche généralement à réhabiliter l’image du capitalisme dans l’esprit du lecteur moderne sceptique. Comme l’a dit le magnat des affaires Elon Musk dans un récent billet : «
Ce livre explique parfaitement pourquoi le capitalisme n’est pas
seulement une réussite, mais aussi une bonne chose sur le plan moral. »
Comment Norberg, Musk ou n’importe qui d’autre peuvent-ils rester enthousiastes à l’égard d’un système dont tant de gens, sur l’ensemble du spectre politique, s’accordent aujourd’hui à dire qu’il est un échec cuisant ? En examinant les deux dernières décennies, le livre reconnaît d’abord qu’elles ont été marquées par des chocs, des guerres, et des échecs. L’étude de ces problèmes, tels que les crises financières, la violence au Moyen-Orient, une guerre à l’échelle industrielle en Europe, une pandémie mondiale, fait que Norberg n’hésite jamais à reconnaître les défauts et problèmes du capitalisme. Mais selon lui, en dépit de tout, les vingt dernières années ont néanmoins été les meilleures de toute l’histoire de l’humanité. Comment cela est-il possible ? Il faut prendre du recul et examiner rigoureusement les grandes tendances. Un tiers de toutes les richesses jamais créées l’ont été au cours des deux dernières décennies. Au cours des vingt dernières années, à chaque minute passée à se plaindre de la façon dont le capitalisme mondiale a détruit le monde, plus de 90 personnes sortent de la misère. La mortalité infantile a chuté de manière si spectaculaire que le nombre de décès annuels d’enfants a diminué de plusieurs millions par rapport à il y a dix ans, alors même que la population totale a augmenté. Les progrès les plus importants ont été réalisés dans les pays les plus intégrés à l’économie mondiale. Comment ? Grâce à la capacité miraculeuse des êtres humains à résoudre les problèmes nous permettant d’améliorer nos conditions, à condition seulement qu’on leur donne la liberté de le faire. C’est pour cette raison que les pays du quartile économique le plus libre bénéficient d’un revenu moyen par habitant plus de deux fois supérieur à celui des pays moins libres. Les détracteurs du capitalisme sont incapables de reconnaître les origines de la prospérité moderne. Norberg décrit ainsi les penseurs anticapitalistes aisés tels que Thomas Piketty : « Il est fier d’ignorer ce qui se passe en bas, dans les garages, les magasins et les usines, et comment cela peut être lié au fait qu’il vit dans la civilisation la plus prospère de l’histoire. » Un anticapitaliste pourrait protester que l’abondance moderne repose sur un proverbial château de cartes : la pandémie n’a-t-elle pas révélé l’insupportable fragilité des marchés mondialisés ? Pourtant, les pénuries liées à la pandémie ont été de courte durée, justement parce que les entrepreneurs ont trouvé des moyens d’adapter le processus de fabrication à l’évolution des conditions dues à la crise. Dans de nombreux cas, les entreprises dotées de chaînes d’approvisionnement plus complexes se sont en fait adaptées plus rapidement que celles dont les chaînes d’approvisionnement étaient moins complexes, car elles disposaient d’un plus grand nombre d’options et ont trouvé d’autres fournisseurs ou fabricants qui n’étaient pas bloqués. Selon Norberg, les chaînes d’approvisionnement concentrées présentent en fait un plus grand risque de perturbation que les chaînes d’approvisionnement diversifiées, en raison de leur dépendance totale à l’égard d’un plus petit nombre de fournisseurs, ce qui revient à mettre tous ses œufs dans le même panier. Les biens produits localement étaient souvent plus susceptibles de connaître des pénuries que les biens importés ; rappelons que c’est le commerce international qui a permis d’atténuer les pénuries de lait maternisé aux États-Unis, les entrepreneurs ont trouvé des moyens, lorsque les responsables politiques ont levé les restrictions à l’importation en réponse à la crise. Le livre défend également le capitalisme contre les accusations selon lesquelles il serait fondé sur le vol et l’exploitation, en soulignant qu’il incarne en fait l’exact opposé : l’enrichissement et la liberté de choix. Remplacer les marchés par un système de contrôle public plus centralisé concentre le pouvoir de décision dans les mains d’une petite élite. Remplacer la sagesse collective produite par des milliards de personnes par les préférences de quelques bureaucrates dont l’argent personnel n’est pas en jeu tend à provoquer un désastre. Norberg cite de nombreux exemples, dont Quaero, le rêve mort-né d’un moteur de recherche soutenu par l’État en 2005, et dont l’objectif était de concurrencer Google. Malgré tous les efforts des politiciens et bureaucrates européens, et bien que les gouvernements français et allemand aient gaspillé des millions d’euros du contribuable dans ce projet, Quaero s’est effondré en l’espace d’un an. Son implosion démontre ce qui se produit inévitablement lorsque des décideurs (qui ne prennent aucun risque financier personnel) se coupent de la réalité des signaux du marché. À l’appui de données abondantes et d’exemples mémorables, Norberg démontre l’inculture historique de ce nouvel anticapitalisme. Il montre qu’il ne s’agit pas d’une nouveauté, mais de quelque chose de vieux et d’usé qui refait surface. Les tarifs douaniers, la politique industrielle, le rapatriement et la fixation des prix ont échoué dans le passé, à plusieurs reprises. Les décideurs politiques, de gauche comme de droite, tiendront-ils compte de l’avertissement de Norberg, ou l’humanité réapprendra-t-elle la leçon à ses dépens ? Le Manifeste Communiste se termine par ces mots : «
Les communistes […] déclarent ouvertement que leurs objectifs ne
peuvent être atteints que par le renversement par la force de toutes
les conditions sociales existantes. Les prolétaires n’ont rien d’autre
à perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à gagner. Travailleurs de
tous les pays, unissez-vous ! »
Au lieu d’un appel à la révolution violente, le Manifeste du capitalisme se termine par un plaidoyer en faveur de la préservation pacifique du système de capitalisme mondial mis en péril par des politiques peu judicieuses : «
Nous, les pro-capitalistes de ce monde, n’avons rien d’autre à perdre
que nos chaînes, nos barrières tarifaires, nos réglementations en
matière de construction et nos impôts confiscatoires. Nous avons un
monde à gagner. »
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