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22.08.2023 - N° 1.367

Les 3 moteurs du capitalisme, les 3 principes de la liberté
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Par Thierry Godefridi

Thierry Godefridi est chef d'entreprise et marathonien. Il a mené conjointement ses études de droit, de sciences économiques et de philosophie et une occupation de journaliste sportif pour l'un des principaux quotidiens de la presse belge avant d'entamer sa carrière professionnelle dans les domaines des ressources humaines, puis des fusions et acquisitions d'entreprises et, enfin, du commerce international.



Quel est le rapport entre le capitalisme et le libéralisme ?
L’analyse théorique de Corentin de Salle.


Corentin de Salle est probablement le principal expert contemporain ès libéralisme et capitalisme de langue française.

Auteur d’un compendium en trois tomes de 500 pages chacun sur la Tradition de la liberté des origines de la pensée libérale à nos jours, il avait été invité à s’exprimer sur l’émergence du capitalisme en Europe dans le cadre des séminaires que le Centre Jean Gol consacre à Bruxelles aux fondements de la société européenne, et dont la trame s’inspire du remarquable livre de Philippe Nemo Qu’est-ce que l’Occident ?

Docteur en philosophie et juriste, Corentin de Salle démontre une connaissance encyclopédique des idées et, au contraire de nombre d’autres philosophes, il ne s’embarrasse pas de fioritures de langage ou d’expression. Il affiche une clarté d’esprit et de parole qui rend son propos compréhensible aux moins avertis (si ce n’est quand il lit de longs extraits de l’œuvre de Karl Marx, fussent ceux dans lesquels ce dernier encense la bourgeoisie).

De Salle énuméra, comme facteurs de l’avènement du capitalisme, trois moteurs (l’accumulation, le progrès et la nécessité), trois principes (la liberté, la propriété et l’isonomie – l’égalité en droit) et un ordre spontané en guise de superstructure.

Pas de liberté sans prospérité

Quel est le rapport entre le capitalisme et le libéralisme ?

Le libéralisme vise à consacrer et à accroître la liberté. Le capitalisme vise à créer et à développer la prospérité. Ce dernier a réussi à faire en sorte que la prospérité soit la règle, et non plus l’exception, alors que c’était la pauvreté qui était la règle par le passé (de 1820 à nos jours, le seuil de pauvreté est tombé de 85 % de la population mondiale à 20 %, et l’espérance de vie a plus que doublé). Le libéralisme ne se conçoit pas sans le capitalisme. Ventre affamé n’a point de liberté.

Bien qu’il ne s’agisse pas de sous-estimer le rôle du progrès et sa mobilisation de l’intelligence, ni le défi de la nécessité et, pour le relever, l’inventivité qui explique l’opulence relative de pays tels que la Suisse, les Pays-Bas et Hong Kong par rapport à des pays bien mieux pourvus au départ en richesses naturelles (Afrique ou Amérique latine), Corentin de Salle s’attarda à cette notion bien dans l’air du temps – « des riches de plus en plus riches » – et propre à l’activité capitalistique qu’est l’accumulation.

Si l’accumulation relève, certes, du désir humain de s’enrichir, elle correspond aussi, selon de Salle qui se réfère aux paraboles des talents, du jeune homme riche et des ouvriers de la onzième heure (Évangile selon Matthieu), à une exigence de responsabilité qui remonte à la Bible d’engendrer des richesses, et de se prémunir contre les années de vaches maigres en s’abstenant de consommer tout le produit des années de vaches grasses.

Si le pape actuel se fait la caisse de résonance des idées partageuses et rétrogrades de la gauche (des inégalités à la décroissance), les enseignements de Jésus en faisaient un précurseur de la théorie économique de l’école autrichienne.

Pas de prospérité sans liberté

Cela peut paraître l’évidence mais, en cette période de mesures liberticides à tout-va sous tous les prétextes même les plus abscons, sans doute est-il utile de le rappeler : quelle qu’en soit la forme, du serf à l’assujetti, l’esclavagisme constitue le système économique le moins efficace, le seul souci de l’esclave étant de manger le plus possible, et d’en faire le moins possible. De ce point de vue, le capitalisme d’État est un oxymore, car le capitalisme ne peut être sans liberté individuelle, liberté d’entreprendre, et liberté d’échanger.

Se référant aux travaux de l’économiste péruvien Hernando de Soto portant sur le rôle de l’accès à la propriété privée dans l’émancipation et l’enrichissement des populations, de Salle insista dans son exposé sur le principe de propriété comme facteur indispensable de réussite capitaliste : faute d’être proprement cadastré, le capital du tiers monde est du capital mort, limitant l’individu dans sa liberté d’être, d’entreprendre et d’échanger.

Un ordre spontané

C’est le propre du capitalisme d’avoir synthétisé des éléments empruntés à des traditions et activités humaines très diverses et, notamment, le droit romain (contrats, obligations, responsabilité civile, etc.), la monnaie, la banque, l’épargne et le prêt à intérêt, la bourse, l’éthique du travail, la propriété, l’organisation de la production, la spécialisation des tâches, une vision prométhéenne de l’humanité, la rule of law, la comptabilité en partie double, le marketing, etc. sous la forme d’un ordre spontané de type « bottom up », et évolutionniste comme le sont le langage ou le droit, à l’opposé d’une structure de commandement de type « top down » comme l’est, par exemple, un gouvernement.

Et, c’est précisément dans cette absence de dessein délibéré que réside la fragilité de ce système produit par l’action diffuse des hommes.

En entraver la liberté de disposer d’eux-mêmes comme ils l’entendent
– par l’intervention et la coercition de l’État – suffirait à condamner le système, fût-il, pour paraphraser Churchill au sujet de la démocratie,
« le pire des systèmes à l’exclusion de tous les autres ».



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