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05.07.2023 - N° 1.339

Nanterre : les vraies raisons de cet abominable drame
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Par Jacques Garello

Jacques Garello, est Professeur Émérite à l’Université Aix Marseille, Président d’honneur de l’ALEPS, directeur de la publication de la Nouvelle Lettre (www.Libres.org).
Dernier ouvrage paru : « Le Vote Libéral », Libréchange éd., septembre 2016.



La tragédie de Nanterre met en lumière le dysfonctionnement structurel
des institutions françaises, soulignant ainsi la nécessité
d’une véritable rupture libérale.


Je m’exprime à titre personnel, je ne veux engager aucun vrai libéral de mon pays. Mais je me fais un devoir de donner un éclairage libéral à cet abominable drame.

Oui, le drame est abominable. D’abord parce que le jeune Nahel a perdu la vie dans des conditions inadmissibles. Le « refus d’obtempérer » ne peut être puni de la peine de mort. Ensuite, parce que la mère de Nahel a été prévenue par téléphone et a été priée de se rendre à la morgue pour identifier le corps de son fils. Encore parce que l’identité et l’adresse du policier qui a tiré ont été diffusées sur les réseaux sociaux. Enfin, par l’immédiate politisation, sans grand respect pour la douleur de la famille et pour l’émotion causée non seulement dans les quartiers de Nanterre, mais dans toutes les zones de non-droit qui se sont multipliées dans notre pays.

La politisation est surtout venue de la gauche extrême. Marine Tondelier s’est à nouveau illustrée en soutenant que l’origine de l’affaire était le racisme des policiers désireux de tuer des Arabes et des Noirs. Quelqu’un a même déclaré que les policiers étaient des membres du Rassemblement national entrés volontairement dans la police.

Les députés locaux de la France Insoumise se sont déplacés aux commissariats de Nanterre en pleine nuit, au milieu des incendies, des scènes de violence, des pompiers qui s’employaient avec courage. Le but de leur visite était de s’assurer des bonnes conditions de la garde à vue des jeunes interpelés. Ont mis aussi de l’huile sur le feu des hautes autorités morales comme Mbappé et Omar Sy, puisque le sport et le cinéma sont désormais des sources de moralité et de droit.

Nos gouvernants ont eu la décence de partager « l’émotion de la nation » et la sagesse d’appeler au calme (la famille elle-même a demandé une marche blanche). Le président de la République est allé jusqu’à déclarer que cette mort était « inexplicable et inexcusable », ce qui laisse à penser que le jugement peut être rendu avant même que la vérité soit connue et la justice rendue, alors qu’elles devraient être en effet prioritaires, conformément au principe de l’État de droit.

Je serais tenté de dire que ces réactions immédiates sont l’écume de la vague, car ce drame a pour véritable origine le fonctionnement structurel de la police, de la justice et de l’éducation.

Police et justice sont réputées être des missions régaliennes, ce qui, dans une démocratie libérale, devrait circonscrire la sphère de l’État. Or, le budget que celui-ci lui consacre est d’environ 7 % du total des dépenses publiques. En France, le nombre de policiers par habitant est de 3,3, dans la moyenne européenne, mais la police est jacobine, comme le reste : la police nationale est plus importante et mieux dotée que les polices municipales, les préfets ont davantage de pouvoir que les maires en matière de sécurité.

Par ailleurs, les policiers sont investis de missions qui pourraient être assurées par l’initiative privée, comme la circulation urbaine, le dépôt des plaintes, la sécurité autour des écoles. Comme c’est le cas en Angleterre ou en Suisse, il est important que les policiers soient au contact permanent des citoyens.

De son côté, la justice ne peut être rendue dans les meilleures conditions, d’abord parce que les magistrats formés à l’École nationale de la magistrature sont formatés au point que les crimes ne sont plus à mettre à charge des criminels, mais de la société qui les y pousse ; ensuite, parce qu’il n’y a pas de place dans les prisons ni d’établissements capables de rééduquer intelligemment des jeunes égarés dans la délinquance.

Reste enfin l’Éducation nationale, qui, elle, bénéficie au contraire d’un soutien financier important : elle est la première dépense publique (en concurrence maintenant avec le service de la dette publique). Il s’agit d’un monopole public, les écoles dites privées ne bénéficiant d’aucune autonomie de programme, de pédagogie, de finance, de carrière de leurs enseignants. Cette Éducation nationale est incapable de former la jeunesse. Non seulement les jeunes n’ont aujourd’hui plus aucun savoir (y compris la possibilité de communiquer et s’exprimer), mais l’absentéisme et la politisation du corps enseignant conduisent à des comportements de tension et de violence. L’école devient bien souvent, et bien sûr dans les Zones d’Éducation Prioritaires, le lieu d’apprentissage du harcèlement, du racket et de la drogue. L’école de Nanterre s’appelle Pablo Neruda et la cité voisine est Pablo Picasso. Voilà pourquoi la jeunesse est dans cet état : à Nanterre comme ailleurs elle a pour avenir le non-travail et la non-culture.

Je conclus par une évidence : changer les lois n’est pas la solution, car le respect de la loi, bonne ou mauvaise, n’a aucun impact sur les comportements humains.

C’est la formation de l’être humain, l’apprentissage de la vie en société et le développement de ses capacités, l’épanouissement de sa personnalité qui peuvent en finir avec la guerre civile latente.

Pour tout cela il faut dénationaliser, décentraliser, mettre de la concurrence,
de la responsabilité et de la dignité. C’est réussir une rupture libérale.


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