![]() Toutes les news c'est ici Contact
Abonner un(e) ami(e) Vous abonner Qui sommes nous ? |
20.03.2023 - N° 1.232 Comment Greta Thunberg veut stopper le changement climatique
Par Rainer Zitelmann Rainer Zitelmann est un historien et sociologue allemand. Il a écrit et édité 26 livres couvrant un large éventail de sujets, avec un accent particulier sur l'histoire, la politique, l'économie et la finance. Ces dernières années, il a écrit des articles et accordé des interviews dans des médias de premier plan, notamment Le Monde, Corriere della Sera, Il Giornale, Frankfurter Allgemeine Zeitung, Der Spiegel, Neue Zürcher Zeitung, The Daily Telegraph, The Times amd Forbes. ![]() Il s’agit d’abolir le capitalisme et de le remplacer par une économie écoplanifiée
qui permettrait à l’État de déterminer chaque aspect de la vie et de décider ce que les individus peuvent ou ne peuvent pas faire. Greta Thunberg est devenue célèbre en nous exhortant à « paniquer » face au changement climatique. Malheureusement, elle n’a pas donné beaucoup de conseils spécifiques sur la manière de résoudre le problème. Le grand livre sur le climat est une compilation de plus d’une centaine d’auteurs différents, dont 18 contributions de Greta Thunberg elle-même. L’industrialisation et le capitalisme au cœur du problème Selon Greta Thunberg, les problèmes sous-jacents sont l’industrialisation et le capitalisme : « La révolution
industrielle, alimentée par l’esclavage et la colonisation, a apporté
une richesse inimaginable au Nord, et en particulier à un petit groupe
de personnes. Cette injustice extrême est
la base sur laquelle nos sociétés modernes sont construites… » Mais le nombre d’humains a été multiplié par huit, passant de un à huit milliards depuis le début de l’industrialisation. Sans l’industrialisation, des milliards de personnes n’auraient eu aucune chance de survie. Il est également faux de dire que le capitalisme n’a amélioré la vie que d’une petite minorité. En 1820, la proportion de personnes vivant dans l’extrême pauvreté dans le monde était de 90 % ; aujourd’hui, elle est de 9 %. Le livre est émaillé de critiques sévères à l’encontre du capitalisme. Sur près de 500 pages, seulement deux phrases évoquent d’autres systèmes également destructeurs de l’environnement : « Laisser
le consumérisme capitaliste et l’économie de marché comme gestionnaires
majoritaires de la seule civilisation connue de l’univers semblera très
probablement et avec le recul avoir été une terrible idée. Mais gardons
à l’esprit qu’en matière de durabilité, tous les systèmes précédents
ont également échoué. Tout comme les idéologies politiques actuelles –
socialisme, libéralisme, communisme, conservatisme, centrisme, etc.
Elles ont toutes échoué. Mais, en toute impartialité, certaines ont
certainement échoué plus que d’autres ».
Elle ne révèle pas quels systèmes ont échoué plus que d’autres – elle limite ses dénonciations au capitalisme. Pourtant, dans les pays socialistes la destruction de l’environnement était incomparablement pire que dans les pays capitalistes ; par exemple, en Allemagne de l’Est les émissions de CO2 (par rapport au PIB) étaient trois fois plus élevées qu’en Allemagne de l’Ouest (pour en savoir plus, voir le film). Thunberg voit une grande conspiration capitaliste contre le climat. Elle blâme les décideurs politiques qui sont « toujours sous l’emprise des grandes sociétés pétrolières et financières ». Les médias ont échoué, même si elle admet que « le journalisme commence à faire ses premiers pas pour couvrir cette crise ». Elle ne serait satisfaite que si les médias ne couvraient que le changement climatique : « Cela devrait bien sûr dominer chaque heure de notre fil d’actualité, chaque discussion politique, chaque réunion d’affaires et chaque parcelle de notre vie quotidienne. Mais ce n’est pas le cas. » Avec lassitude, elle note que de nombreux journalistes n’ont malheureusement pas choisi le journalisme pour « déraciner un système auquel ils croient ». Le fait que la population d’un pays soit constamment bombardée de certaines nouvelles est plus fréquemment associé aux États totalitaires. Certains auteurs critiquent également les médias pour avoir fourni une plateforme aux scientifiques ayant des points de vue et des opinions scientifiques différents. L’hommes cis a échoué, c’est à la femme indigène de sauver le climat Thunberg regrette qu’il n’y ait « aucune loi ou restriction en place qui obligerait quiconque à prendre les mesures nécessaires pour sauvegarder nos futures conditions de vie sur la planète Terre ». Le monde est dirigé par des « hommes cis blancs privilégiés, d’âge moyen et hétérosexuels », et ceux-ci sont « terriblement mal adaptés » pour faire face à la crise. Au lieu de cela, suggère la coauteure Sonja Guajajara, nous avons besoin de « femmes indigènes au cœur de la lutte pour garantir un avenir à l’humanité. En effet, dans de nombreuses communautés d’origine, c’est à nous, femmes indigènes, qu’il incombe de gérer et de préserver nos écosystèmes et de conserver nos connaissances par le biais de la mémoire et des coutumes ». Thunberg consacre un quart de page (sur 464 pages) à l’énergie nucléaire, qu’elle rejette sommairement comme solution. Les technologies permettant d’extraire le CO2 de l’air sont qualifiées de « plaisanterie », tandis que la géoingénierie solaire est rejetée parce qu’elle se heurte à la « résistance farouche des peuples indigènes ». Selon le livre, les véhicules électriques ne sont pas une solution viable car ils « pourraient bien n’être une option que pour les puissants et les riches ». Économie écoplanifiée Selon Kevin Andersen, l’État devrait déterminer pour chacun « la superficie et le nombre de nos maisons, la fréquence de nos vols et la classe dans laquelle ils s’effectuent, la dimension et le nombre de nos voitures et la distance à parcourir avec elles. Même au travail, la superficie de nos bureaux, le nombre de réunions à l’étranger et de conférences internationales auxquelles nous assistons et la fréquence de nos sorties sur le terrain ». Kate Raworth estime que l’État devrait supprimer progressivement « les jets privés, les mega-yachts, les voitures à carburant fossile, les vols courts et les primes pour grands voyageurs ». Seth Klein appelle à une « nouvelle génération d’entreprises publiques » pour produire les bonnes choses à l’échelle requise. Il déplore en outre : «
Où est la publicité gouvernementale visant à accroître le niveau de
connaissance du public en matière de climat ? L’anticapitaliste
canadienne Naomi Klein veut augmenter les impôts des riches et réduire
les dépenses de police et de prisons pour financer la lutte contre le
changement climatique. Le critique français du capitalisme Thomas
Piketty appelle à l’introduction de droits individuels sur le carbone.
Dans un souci de justice sociale, il estime que les autorités devraient
envisager de fixer des quotas individuels égaux de carbone ».
En
fin de compte, il s’agit d’abolir le capitalisme et de le remplacer par
une économie écoplanifiée qui permettrait à l’État de déterminer chaque
aspect de la vie et de décider ce que les individus peuvent ou ne
peuvent pas faire.
______________
|
Qui
sommes-nous ? Nous écoutons, nous lisons, nous regardons... C'est parfois un peu ardu, et les news peuvent demander de l'attention. Mais elle sont souvent remarquables ! Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion et nourrir celle-ci. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs, et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation. Bien sûr, vos commentaires sont très attendus. ![]() |