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23.11.2022
- N° 1.121

Pourquoi Téléperformance se retrouve à gérer
des images pédophiles ?
3 minutes de lecture
Dernier commentaire paru :
hp a écrit le 20 novembre
et Jean Martin le 22 novembre
.
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Par François Jolain

François Jolain est développeur. Lorsqu'il ne code pas,
il tente d’expliquer la technologie et ses conséquences sur codable.tv .



L’État profite de la technologie pour déléguer ses devoirs régaliens
à des entreprises privées.


Qu’est-il arrivé à Téléperformance ?

L’entreprise Téléperformance était connue pour sa santé de fer et ses performances boursières. Son cours a été multiplié par 10 000 % depuis son introduction en bourse, au point de la faire entrer au CAC40 en 2020.

L’entreprise emploie 420 000 personnes à travers le monde pour sous-traiter des services consommateurs distants, comme les centres d’appels pour le SAV ou la vente, ou encore le contrôle d’identité lors de l’inscription à une néobanque en ligne.

L’un de ses services consiste à modérer le contenu en ligne, ce qui signifie traquer les images pédophiles ou terroristes. Les traumatismes induits chez ses employés ont éclaté dans un article du Time. Puis le vice-ministre colombien en charge des Relations du travail (l’affaire a lieu en Colombie) a ouvert une enquête sur l’entreprise.

Pour quelle raison une entreprise privée doit-elle employer du personnel pour regarder des enfants se faire violer ?

Comment Téléperformance se retrouve-t-elle à traquer les déviances humaines à la place de la police ?

GAFAM et État pour le pire

Le dérapage a commencé avec Facebook et Google. Les deux entreprises ont bâti leur empire sur la collecte des données de leurs utilisateurs.

Elles n’hésitent pas à contrevenir à l’article 12 de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme :

« Nul ne sera l’objet d’immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa famille,
son domicile ou sa correspondance. »


Facebook espionne les messages y compris privés : il a par exemple donné à la police une correspondance entre une mère et sa fille.

Google analyse tous vos emails : un père de famille a été radié de Gmail après avoir envoyé un mail à son pédiatre contenant une photo de son enfant nu.

Or, avec une lettre, nous mettons bien une enveloppe pour que cette correspondance demeure privée. Il est interdit à La Poste comme à quiconque d’ouvrir notre courrier sous peine d’une amende de 45000 euros.

C’est pourtant ce que font Facebook, Google et compagnie.

Au lieu d’interdire cette pratique illégale, les gouvernements l’ont utilisé à leur avantage : d’abord en instaurant un espionnage de masse secret ; puis, constatant que même les révélations de Snowden ne choquaient pas le peuple, ils ont légalisé la pratique.

Il est officiellement demandé aux acteurs d’internet d’espionner tout ce qui transite par eux (loi Renseignement en France, Cloud Act aux États-Unis). Les plateformes doivent donc traquer les contenus illégaux.

Encore une fois, on ne demandera jamais à La Poste de traquer les images pédophiles dans les courriers. Dans le monde physique, on refuse l’espionnage, la traque de contenus illégaux est faite par la police de manière ciblée.

Mais Google et Facebook ont instauré un monde numérique sans vie privée. L’État y a vu une aubaine pour nous espionner. La traque est passée de la police aux compagnies privées.

En théorie, tout est parfait d’après les GAFAM. Leur intelligence artificielle est tellement performante qu’elle peut tout détecter. Il ne doit donc pas y avoir d’humain dans le process. Pas d’humain, donc pas de souffrance pour lui et pas d’espionnage pour les utilisateurs.

En pratique l’IA reste défaillante, elle peut facilement être bernée. Des humains sont donc apparus dans le process pour analyser en plus de l’IA. Ce job de modérateur a déjà fait parler de lui : personne n’est prêt pour regarder un tel contenu à longueur de journée.

Tiktok a récemment eu une vague de contenus sexuels sur son réseau à l’insu de son IA. Le réseau sous-traite donc la modération de son réseau à Téléperformance.

Encore une fois, ce boulot de modérateur n’a pas à être fait. La Poste ne l’a jamais fait sans qu’on y trouve à redire, pourquoi serait-ce différent sur internet ?

Ce qu’on attend de l’État n’est pas un espionnage de masse délégué à des compagnies privées mais des enquêtes de police basées sur des indices et des faits, contrôlées par des juges. Or, ces temps-ci, le travail de la justice et de la police pour traquer les pédophiles semble au point mort.

Le « suicide » d’Epstein reste classé sans suite, ses clients ne semplent pas inquiétés. De même avec le disque dur très compromettant de Hunter Biden, la justice ou le FBI ne semblent pas pressés d’enquêter.

Dans le monde physique, les États semblent laisser les pédophiles tranquilles. Par contre dans le monde numérique, ils nous prennent tous pour des pédophiles à surveiller.

Loin de l’utopie libérale, Internet se transforme en régime totalitaire au-dessus du bon sens et des droits fondamentaux, pour le plus grand plaisir des États et des GAFAM. On se retrouve donc avec des jobs ignobles pour satisfaire les dirigeants.



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