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03.09.2022 - N° 1.035 Barbecue, jets, piscines privés et golfs : une rentrée frivole
Par Simone Wapler Simone Wapler a été directrice éditoriale des publications Agora, spécialisées dans les analyses et conseils financiers. Ingénieur de formation, elle a quitté les laboratoires pour les marchés financiers et vécu l'éclatement des bulles internet et du crédit subprime. Elle a publié "Pourquoi la France va faire faillite" (2012), "Comment l'État va faire main basse sur votre argent" (2013), "Pouvez-vous faire confiance à votre banque ?" (2014), “La fabrique de pauvres” (2015) aux Éditions Ixelles et « La rage de l’impôt » (2019) aux Éditions Larousse. ![]() Tandis que nos élus discutent du sexe de la viande et polémiquent sur certains modes de vie, les sujets importants et urgents sont méticuleusement évités. A en croire les médias subventionnés, barbecue et régime alimentaire méritent une polémique. Sandrine Rousseau nous enjoint de « changer de mentalité pour que manger une entrecôte cuite sur un barbecue ne soit plus un symbole de virilité ». Ce n’est pas que le barbecue puisse mettre le feu dans nos campagnes en cette fin de période estivale marquée par la sécheresse. Non : c’est le régime carné qui serait un attribut de virilité et qui polluerait. Cette proposition rousseauiste allèche Julien Bayou (EELV) et Clémentine Autain (LFI). Selon eux, nous devrions changer de mentalité, devenir des anges asexués, ou, à défaut, nous nourrir de quelques graines sauvages non OGM. Seul le communiste Fabien Roussel – nouveau champion de la bonne bouffe gauloise – manifeste dans cette affaire un étrange résidu de bon sens : « on mange de la viande en fonction de ce que l’on a dans le porte-monnaie, et pas en fonction de ce qu’on a dans sa culotte ou dans son slip ». Il a raison. La fréquentation des rayons boucherie à la coupe a baissé en grande et moyenne surface de 25 % en raison de l’inflation, observe la journaliste Emmanuelle Ducros. Il y a bien d’autres sujets d’importance qui agitent le microcosme de ceux qui vivent de l’argent des autres. Ainsi, « Il est temps de bannir les jets privés », estime Julien Bayou qui fustige également au passage l’arrosage des golfs et les piscines privées. Et voilà qu’Emmanuel Macron y va lui aussi de son injection de moraline en prophétisant « la fin de l’abondance, la fin de l’insouciance, la fin des évidences ». En attendant la fin des haricots… L’évidence est que gouvernement et élus font beaucoup de bruit en discutant de sujets mineurs et font étalage de leur imprévoyance sur les sujets majeurs. L’inflation n’est pas transitoire et elle s’installe. Elle était prévisible, de même que le retour de boomerang des sanctions prises à l’encontre de la Russie. Le prix de l’électricité sur le marché de gros atteint sur le marché à terme (échéance 2023) 1000 euros le MWh contre 85 euros il y a un an. Ancré dans la folle politique du « quoi qu’il en coûte », le gouvernement a plafonné la hausse à 4 % grâce à son « bouclier tarifaire » dont le coût avoisine désormais les 40 à 50 milliards d’euros. C’est un bouclier qui va nous coûter un bras. La transition énergétique explose en vol puisque le basculement vers le tout électrique devient exorbitant, en admettant même que la production suive, ce qui n’est pas gagné du tout. La fin de l’argent des autres et de l’argent magique « Le problème avec le socialisme est que vous finissez un jour par avoir dépensé tout l’argent des autres » a formulé en son temps Margaret Thatcher. Évidemment, il s’agissait d’une lointaine époque (1979) où le FMI était arrivé au chevet du Royaume-Uni surendetté et ruiné par le travaillisme. En France, nous avons considéré depuis un demi-siècle que recourir à la dette publique était plus commode que l’argent des autres, celui des contribuables. Le dernier budget excédentaire date de 1974. Cet argent magique – quand on s’endette à taux négatif ou nul – permet de financer de façon indolore toutes les imbécilités et les changements de mentalité jugés indispensables par l’élite. Y compris les campagnes de communication du planning familial (autre objet de polémiques de rentrée). ![]() Mais voilà que le vent tourne (et pas dans des éoliennes productives). Figurez-vous que les taux d’emprunt de l’État français commencent à franchement décoller. Nous en sommes à 2,2 % sur 10 ans. Les investisseurs internationaux vendent leurs obligations souveraines qui leur rapportent 7 % de moins que l’inflation. Changeraient-ils de mentalité, eux aussi ? Conséquences : financer et refinancer les erreurs successives commence à avoir un prix non négligeable quand on « roule » plus de 2500 milliards d’euros de dettes publiques dont une substantielle partie est indexée sur l’inflation. Monsieur Macron a raison : c’est vraiment la fin de l’insouciance et de l’abondance de ce côté. Oubliez
barbecues, golfs, jets et piscines privé, hommes enceints et autres
fariboles : nous sommes en route pour une crise monétaire majeure comme
je l’explique dans mon dernier livre.
Et inutile de compter sur ceux qui nous ont amenés au pied du mur de la dette pour nous sauver.
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