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20.07.2022
- N° 992

Incendies en Gironde :
la défiance envers les propriétaires en procès

 

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Par Frédéric Mas

Frédéric Mas est journaliste. Après des études de droit et de sciences politiques, il a obtenu un doctorat en philosophie politique (Sorbonne-Universités). Il s'intéresse en particulier à la politique internationale, aux théories économiques contemporaines et à la vie des idées. Il écrit également pour Atlantico.



Ce ne sont pas seulement des considérations écologiques qui ont freiné les décideurs des quatre fers, mais aussi la crainte de voir les propriétaires jouir d’une propriété qui, depuis des centaines d’années, était partagée avec les usagers.

La forêt millénaire de La Teste-de-Buch est partie en fumée à plus de 80 % suite aux terribles incendies qui continuent de ravager la Gironde. Parmi les raisons retenues par les experts pour expliquer la catastrophe, le mauvais entretien du lieu, qui a ralenti la bonne marche des pompiers et a assuré la propagation rapide du feu.



Sur le banc des accusés, la mésentente proverbiale entre propriétaires de la forêt et ses usagers, divisés sur la meilleure manière de gérer cette « forêt usagère », c’est-à-dire fractionnée entre propriétaires obligés par des servitudes particulières au profit des usagers de ladite forêt.

Des écolos qui soufflent sur les braises

Mais ce n’est pas tout, parce que la politique s’en est vite mêlée : les écolos locaux sont accusés d’avoir soufflé sur les braises de la discorde en s’opposant avec force à tout aménagement améliorant la sécurité du lieu. Au nom d’une vision romantique de la nature plaquée sur la forêt, ils auraient finalement poussé une catastrophe écologique largement évitable par des aménagements adéquats.



Comme le rappelle le Chasseur Français, tout commence fin 2020 avec le dépôt par un propriétaire de la forêt usagère d’une demande pour mettre en place un Plan Simple de Gestion : « En gros le propriétaire veut gérer sa forêt… ce qui a suscité une vive réaction de certains acteurs locaux, notamment des usagers, qui y voyaient une atteinte à leurs droits. » Les travaux sont prévus pour 2021, mais un recours est déposé par une association d’usagers devant le Tribunal administratif de Bordeaux.

Et c’est au tour des écolos d’entrer dans la danse : « Pour les écologistes il ne fallait pas toucher la forêt, ne surtout pas la couper, et encore moins l’entretenir, il fallait laisser faire la nature. »

C’est la sénatrice de Gironde Monique de Marco (EELV) qui se fera l’avocate du point de vue des usagers en la matière, plaidant auprès de la préfète et de la ministre de la Transition écologique pour : « qu’elles fassent cesser les coupes et respecter le droit des usagers qui cogèrent la forêt de manière vertueuse pour l’environnement ». Aujourd’hui, ses cris de victoire sur Twitter lui reviennent comme autant de boomerangs médiatiques en pleine figure.




L’aveuglement politique aurait pris le pas sur le bon sens et la responsabilité. C’est qu’il existe aujourd’hui en France une écologie des villes et une écologie des champs, l’une produite par les métropoles et les centres urbains, l’autre par les acteurs du tertiaire et ceux qui vivent dans les campagnes les plus éloignées des ministères et des pistes cyclables.

Il n’y avait pas que les écolos

Seulement, France Info vient apporter quelques précisions complémentaires à cette affaire : les écolos ne sont pas les seuls à soutenir l’association des usagers en colère. C’était aussi le cas de la députée LREM du bassin d’Arcachon Sophie Panonacle, qui déclarait en 2021 que l’initiative du propriétaire allait « mettre en danger un statut unique en France qui répond à une logique de gestion durable d’un massif forestier au pied de la dune du Pilat ».



Le maire LR de La Teste-de-Buch lui-même s’est opposé au plan de gestion en question, jouant à la fois sur la carte écolo… et antilibérale.

On peut ainsi lire dans le procès-verbal du conseil municipal du 29 juin 2021 (pages 12 et suivantes) que pour le maire, la société n’avait qu’un seul objectif « faire des transactions commerciales en se moquant bien des conséquences que cela puisse avoir » et que le plan risquerait d’engendrer des coupes d’hectares entiers « … qui mettraient en danger notre équilibre, la biodiversité et même la sécurité. »

Ce ne sont donc pas seulement des considérations écologiques qui ont freiné les décideurs des quatre fers, mais aussi la crainte de voir les propriétaires vouloir jouir d’une propriété qui, depuis des centaines d’années, était partagée avec les usagers. Pour la mairie, il s’agissait aussi d’éviter « un appel d’air auprès d’autres propriétaires désireux de faire du commerce de ces bois coupés en totale contradiction avec les baillettes et transactions. » En d’autres termes, les coutumes féodales devaient primer le droit de propriété.

Finalement, précise France Info, le gouvernement a fini par commander un rapport sur l’harmonisation entre droits des usages et adaptation du système. Celui-ci préconisait la réalisation de travaux de défense des incendies, travaux qui devaient être réalisés en 2021, au-delà des considérations politiques locales.

Ceux-ci ont pris du retard à cause d’une nouvelle opposition de l’association des usagers (Addufu), qui ne jouira sans doute plus jamais des droits féodaux hérités des « baillettes et transactions »,
désormais en cendres au grand désespoir de nous tous.



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