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15.06.2022 - N° 956 Panique sur les cryptos !
Par Drieu Godefridi ![]() Drieu Godefridi, né en 1972, est un auteur libéral belge, fondateur de l'Institut Hayek à Bruxelles. Docteur en philosophie (Paris IV-Sorbonne), il est titulaire de masters en droit et philosophie (UCL) et d'un DEA en droit fiscal (ULB). En tant que président de l'Institut Hayek, il a publié régulièrement des articles dans la presse francophone et dans la presse anglo-saxonne. Il conceptualise et finance des entreprises en Europe. Il est l'auteur de "La passion de l'égalité — essai sur la civilisation socialiste". ![]() Les cryptos-monnaies sont-elles vouées à disparaître ?
Depuis quelques semaines, les mauvaises nouvelles sur le front des crypto-monnaies se multiplient. D’aucuns n’y voient qu’une nouvelle occasion d’y investir — « Buy the Dip ! », telle une incantation chamanique — d’autres prédisent l’effondrement de tout le système crypto. L’hypothèse ici soutenue est que le concept le mieux à même de rendre compte de la phase actuelle est celui de bank run — ou panique sur les banques cryptos. Le défi actuel du monde crypto est facile à comprendre. Le concept-clef est celui de convertibilité. Il faut distinguer la crypto-monnaie de la banque crypto auprès de laquelle elle est, le cas échéant, inscrite. Toute crypto (par exemple, le bitcoin BTC) est par principe convertible en monnaie classique (par exemple, le dollar). Quand on détient une unité de monnaie crypto, elle est convertible auprès d’un établissement spécialisé — appelons-le banque crypto BINANCE, CELSIUS… — auprès duquel on l’enregistre pour la convertir. Ainsi la structure du marché des cryptos est-elle similaire à celle du dollar du temps de la convertibilité du dollar en or, quand nous pouvions exiger de la banque détenant nos dollars qu’elle nous remette l’équivalent en or, sur simple demande (oui, cela paraît étrange, c’était avant 1914 et en remontant jusqu’à l’Antiquité c’était la norme !). Le problème est que pour garantir la convertibilité nombre de ces banques-cryptos détiennent du collatéral — des biens — plutôt que du cash ; le tout pour une valeur sensiblement inférieure aux cryptos inscrites dans leurs registres. Par exemple, si la banque-crypto CELSIUS détient 50 d’assets pour 100 de cryptos, elle est exposée au risque d’un retrait massif de ses clients qui la mettrait dans l’impossibilité de les satisfaire. On ne peut donner que ce qu’on a. Se couple à ceci, et c’est l’élément fondamental, le fait que la plupart des banques-cryptos ont panaché leurs assets… de cryptos. Telle banque-crypto spécialisée dans la monnaie crypto 1 détient des assets qui consistent, pour partie, en cryptos 2 (souvent le bitcoin BTC). Ainsi des unités cryptos se trouvent-elles garanties par d’autres unités cryptos (détenues par la banque en propre et non pour le compte de ses clients). Ce qui déplace le problème de la convertibilité et, surtout, solidarise de fait l’ensemble des acteurs et banques de l’éco-système crypto. C’est le concept de linkage, consubstantiel à tout bank run systémique. Aggravé par le fait que, dans un contexte de panique, il ne se trouve plus grand monde pour acheter les cryptos : problème de liquidité. En vertu de ce qui précède, une baisse drastique de la crypto de référence le bitcoin BTC entraîne mécaniquement une diminution substantielle de la valeur des assets des banques-cryptos et de leur liquidité. Qu’une banque-crypto plus exposée que les autres — hier 13 juin, CELSIUS — soit confrontée à des demandes de conversion massives, elle devra suspendre ses opérations, créant un phénomène de panique. Car, les déposants d’une banque-crypto qui choit perdent tout (ou presque). CELSIUS a suspendu les conversions ; dit autrement, elle ne rembourse plus rien : ![]() ![]() C’est le phénomène de bank run, dans toute sa pureté dix-neuvièmiste. On songe à The Panic of 1907, le bank run décrit par Bruner et Carr dans leur ouvrage éponyme. Le monde de la crypto a déjà perdu deux-tiers de sa valeur (de 3 trillions à moins d’un trillion, hier). Ceux qui ne parviendront pas à convertir leurs cryptos déjà enregistrées auprès des banques-cryptos qui ont failli et vont faillir, perdront tout. D’autres banques-cryptos surnageront ; leurs déposants ne perdront pas leurs mises. À l’instar de ce qui se produisit en 1907 quand J.-P. Morgan — l’homme, pas la banque — prit le leadership pour mettre un terme à la panique, un ou quelques leaders pourraient surgir sur le marché des banques cryptos pour ramener ce minimum de sérénité et de confiance sans lequel aucune opération économique ni financière n’est possible. Les
cryptos-monnaies ne vont pas disparaître. Celles qui sont adossées à
d’authentiques projets industriels (blockchain) se montreront
probablement plus robustes que les cryptos pures.
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