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14.05.2022 - N° 924 Immobilier : l’augmentation contestable du SMIC
Par Pascal Salin Pascal Salin est un économiste français, Professeur honoraire à l'université de Paris IX Dauphine, spécialiste de la finance publique. Ancien président de la Société du Mont-Pèlerin (1994-1996), il est aussi président de l'ALEPS (association pour la liberté économique et le progrès social). ![]() Augmenter le SMIC permettrait-il réellement d’augmenter le pouvoir d’achat immobilier de ceux qui en bénéficient ?
Dans cet article
publié par Contrepoints au mois d’avril, j’expliquais pourquoi, à mon
avis, il conviendrait de supprimer le salaire minimum qui est imposé à
tous les producteurs et dont le montant est décidé par le pouvoir
politique.
Or, dans un article publié très récemment, il est indiqué qu’il est souhaitable d’augmenter le montant du salaire minimum pour que les salariés en bénéficiant puissent acheter par crédits un bien immobilier. Certes le salaire minimum a été un peu augmenté au cours des années, mais dans une moindre proportion que les prix des biens immobiliers qui ont aussi augmenté. Par ailleurs, les taux d’intérêt ont eux aussi augmenté récemment, diminuant ainsi la capacité des smicards à emprunter pour leur achat immobilier. Évidemment, bien que je sois favorable à la suppression du salaire minimum, il convient de réfléchir à des décisions le concernant puisqu’il existe actuellement et certainement pour longtemps. Or il me semble contestable de fixer le montant du salaire minimum en fonction des prix immobiliers et du montant des taux d’intérêt. En effet les salariés percevant le salaire minimum ne sont pas nécessairement acheteurs de biens immobiliers, éventuellement au moyen d’emprunts. Ils peuvent évidemment être locataires. Par ailleurs, ils achètent beaucoup d’autres biens et l’on peut se demander pourquoi il faudrait imposer le niveau de salaire minimum en fonction de l’évolution des prix des biens immobiliers et pas des prix de tous les autres biens. Ce serait d’ailleurs contestable puisque tous les smicards n’achètent pas tous les mêmes biens dans les mêmes proportions et ils peuvent ne pas acheter de biens immobiliers et rester locataires. Ainsi, déterminer le niveau du salaire minimum en fonction de l’évolution des prix des biens immobiliers est totalement contestable. Par ailleurs cette diversité des achats par les individus constitue un motif pour ne pas imposer l’existence d’un salaire minimum dont le niveau est nécessairement injustifiable. Les désirs personnels d’achats sont évidemment des facteurs explicatifs des négociations salariales. Comme nous l’avons déjà dit, cela n’a aucun sens d’imposer le même salaire minimum à tous les salariés et à tous leurs entrepreneurs. Mais que se passerait-il dans le cas d’une augmentation des prix immobiliers et sans l’existence du salaire minimum ? Il est évident que les ménages aux salaires les plus faibles seraient particulièrement sensibles à cette augmentation des prix immobiliers ou des taux d’intérêt. Certains d’entre eux seraient alors incités à obtenir un salaire plus élevé, soit en essayant de négocier avec leurs employeurs, soit en changeant d’emploi afin d’obtenir un salaire plus élevé. Mais il en est un peu de même s’il existe un salaire minimum. Ceux qui le perçoivent et qui voudraient faire un achat immobilier seraient incités à demander une augmentation au-delà du salaire minimum ou à changer d’emploi. Bien évidemment, tous les titulaires de salaire minimum ne sont pas des acheteurs de biens immobiliers au même moment et c’est pourquoi il n’est pas justifié d’augmenter le salaire minimum de tous les salariés à cause d’une augmentation des prix des biens immobiliers ou des taux d’intérêt. S’il existe un salaire minimum officiel, cela ne consiste évidemment pas à interdire le paiement de salaires plus élevés que ce salaire minimum, mais à interdire le paiement de salaires inférieurs au salaire minimum. L’augmentation des prix de leurs achats incite certains détenteurs d’un salaire minimum à obtenir une augmentation de leur salaire, mais cela ne concerne pas la totalité des détenteurs de salaire minimum. Il n’est donc pas justifié d’augmenter le salaire minimum en fonction de l’augmentation de certains prix (par exemple ceux des biens immobiliers ou les taux d’intérêt). Par ailleurs, l’augmentation du salaire minimum diminue évidemment les ressources des employeurs des salariés qui reçoivent un salaire minimum. Il est alors fort possible que la demande de biens immobiliers par ces employeurs diminue, contrairement à ce que l’on prétend être le cas de leurs salariés. Ce
qui serait le plus justifié consisterait à supprimer l’existence d’un
salaire minimum officiel, déterminé par les gouvernants,
nécessairement de manière arbitraire.
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