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07.05.2022
- N° 917

Augmenter le taux d’emploi pour sauver les finances

 

Dernier commentaire paru le 02 mai 2022 :
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Par Philippe Aurain

Philippe Aurain est Directeur des Etudes Economiques de La Banque Postale. Il a commencé sa carrière à la Caisse des Dépôts, notamment comme Responsable des Etudes au sein de la Direction des Fonds d’Epargne avant de se tourner vers les marchés financiers. Il a ensuite été Directeur Financier du Fonds de Réserve pour les Retraites puis Directeur Délégué de Fédéris Gestion d’actif.
Entré dans le Groupe LBP en 2015, il a avant sa position actuelle été membre du directoire de LBPAM et Secrétaire Général de BPE.




La mise à niveau du taux d’emploi constitue probablement la seule marge de manœuvre réaliste pour les finances publiques.

La situation des finances publiques n’est pas brillante. Le niveau de dette s’établit à 112,9 % du PIB (2800 milliards d’euros, soit 164 000 euros par foyer imposable, environ 17 millions), le déficit public est attendu à -5 % en 2022 après -6,5 % en 2021. La trajectoire de retour au déficit sous les 3 % en 2027 suppose une croissance des dépenses limitées à 0,7 % sur la période, ce qui n’a jamais été réalisé sur plusieurs années et suppose des économies massives. Par ailleurs, la hausse des taux d’intérêt va augmenter mécaniquement la charge de la dette, environ 150 milliards sur 10 ans au niveau de taux actuel.

De nombreux défis

Dans le même temps, le nombre de fonctionnaires et/ou la masse salariale de l’État ne pourra pas baisser (besoins sur les périmètres défense, justice, police, santé, éducation nationale) et les dépenses sociales vont augmenter (accompagnement des plus pauvres à la transition énergétique, vieillissement démographique).

Or, la mise à niveau du taux d’emploi constitue probablement la seule marge de manœuvre réaliste pour les finances publiques via l’augmentation de la base fiscale et le financement induit des prestations sociales.

En effet, la France a un taux d’emploi d’environ 10 points en deçà de celui de l’Allemagne (69,3 vs 79 % pour les 18-64 ans). On sait pourquoi : les taux d’emploi des jeunes (41,2 % en France vs 60,8 % en Allemagne pour les 18-24 ans) et des seniors (54,2 % vs 71,9 %) sont très insuffisants. Comment progresser ?

Pour les plus jeunes, il est clair que la baisse du niveau scolaire (la France est sous la moyenne OCDE du classement PISA et avant-dernière au classement mathématiques TIMMS) et le manque de professionnalisation des études constituent des handicaps majeurs. Le développement récent des contrats en alternance est une très bonne nouvelle mais concerne majoritairement les études supérieures. Il faut aller plus loin et en finir avec le totem du bac pour tous.

Réformer l’éducation pour assurer un meilleur taux d’emploi

En Suisse, l’apprentissage constitue la voie choisie par 69 % des jeunes âgés de 15 à 20 ans. 86 % des lycéens allemands sont en alternance. Concernant le niveau scolaire, condition sine qua non de l’adaptation de la France aux métiers du futurs, il faut faire tomber quelques murs. L’apprentissage est d’abord pénalisé par l’indiscipline et le nivellement par le bas.

Pour le premier, il faudra bien multiplier les établissements spécialisés pour les élèves dissipés. Pour le second, il serait utile d’accepter des classes par niveau.

Là encore, la Suisse montre un exemple intéressant : le regroupement des élèves par niveau d’aptitude et l’orientation par la performance sont assumés. L’excellence n’est pas un gros mot. Le soutien scolaire non plus et il bénéficierait de plus de moyens dans ce système, les élèves plus à l’aise étant moins encadrés. Le dédoublement de certaines classes emprunte certainement ce chemin mais sur la base de différence géographique uniquement. Il conviendrait d’en généraliser l’esprit. Il faut probablement aussi se concentrer sur les savoirs fondamentaux.

Par exemple, 1 heure 30 d’anglais par semaine en primaire n’a aucune utilité pédagogique (étude allemande de Nils Jakel), relève d’une confusion avec la capacité d’apprentissage des enfants en immersion (celle-là démontrée). Ce temps serait utilement remplacé par un renforcement des connaissances de base. Enfin, autre tabou, il convient de revenir à des principes d’orientations.

Que le choix de filières présentant moins de débouchés soit contraint serait raisonnable. Si leur intérêt ne fait pas de doute pour un certain nombre d’étudiants, la trop forte surreprésentation des études de sciences sociales (32 % des étudiants, 6 à 8 points de déficit d’insertion professionnelle à 30 mois par rapport aux autres filières) constitue souvent une impasse pour ces diplômés et une mauvaise allocation collective de notre intelligence.

Limiter ces filières pourrait permettre d’en développer de plus propices à l’emploi et la croissance. Concernant les seniors, le report de l’âge de départ en retraite fait partie de la solution. Mais les critiques de la réforme sont fondées lorsqu’elles portent sur l’employabilité de ceux-ci. Un an avant la retraite, 65 % des seniors n’exercent déjà plus d’activité. Cette difficulté ne pourra qu’augmenter avec la hausse de l’âge de départ en retraite.

La question des salaires

Comment traiter ce problème ?

Il faut partir de constats. Le principe d’augmentation des salaires en fonction de l’ancienneté a une rationalité économique (hausse progressive des compétences) mais atteint ses limites en fin de carrière. Le poids salarial devient alors très important par rapport à celui des salariés moins âgés. Et dans le même temps, les seniors aspirent souvent à une activité moins lourde. Il faut donc imaginer un mécanisme gagnant – gagnant pour les entreprises et les salariés.

Une solution possible serait de généraliser la possibilité de cessation progressive d’activité (pas forcément avec versement de retraite partielle), par exemple en ouvrant le mécanisme assez tôt (avant 60 ans), en rendant obligatoire la proposition de tels contrats par les entreprises (mais au choix des salariés), en les rendant plus attractifs pour celles-ci (baisse de salaire proportionnée à celle du temps de travail, sauf pour les bas salaires bien sûr, et possibilité d’introduire une part variable), le tout assorti d’un engagement de maintien de l’emploi jusqu’à l’âge souhaité de départ en retraite.

D’autres idées peuvent à coup sûr être élaborées pour peu que l’on sorte des postures. Notre intérêt collectif est sans aucun doute
de les dépasser sur tous ces sujets.


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