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19.04.2022 - N° 900 Lutte contre les squatteurs : la loi contre les propriétaires
Par Armand Paquereau Armand Paquereau est agriculteur à la retraite, auteur de billets d’humeur sur Wikiagri.fr et coordinationrurale.fr et auteur de « Cultiver la terre de Charentes » édité en 2010 par Le Croît Vif. administrateur référent PME au cercle Frédéric Bastiat. ![]() Le
propriétaire qui veut récupérer son bien est bien plus sévèrement
sanctionné que l’occupant illégal, et la sanction de ce dernier est peu
dissuasive. Il aura fallu une médiatisation récurrente de faits inacceptables pour enfin motiver les législateurs à tenter de trouver des solutions attendues à ce problème social de première nécessité. Quand une association (DAL) se permet d’installer des squatteurs dans la maison d’une dame de 85 ans absente de son domicile pour raisons de santé, que ces faits se multiplient dans de nombreuse villes, on se demande bien ce que sont devenus l’article 17 de la déclaration des droits de l’Homme (1789 et 1848) et l’article 544 du Code civil censés protéger le droit inaliénable de propriété. Les gouvernements successifs privilégient toujours les squatteurs ou locataires indélicats :
En effet, les peines de prison de moins de deux ans ne sont pas effectives et les squatteurs sont généralement insolvables et insaisissables. La loi, qui punit l’incitation à la haine et à la violence, qui tend à poursuivre les citoyens qui diffuseraient des propos inhérents à ces délits, ne trouve rien à redire sur les sites Internet qui expliquent avec force détails comment squatter au mieux un logement. Une évolution de la législation Lorsqu’un délit d’occupation illégale est relevé sur le lieu d’habitation voici la procédure classique :
La loi d’accélération et de simplification de l’action publique (ASAP) parue le 8 décembre 2020 au Journal officiel vient de modifier la loi instituant le droit au logement opposable (DALO). Pour obtenir l’évacuation forcée d’un logement squatté, le propriétaire (ou ses représentants) doit :
La mise en demeure est notifiée aux squatteurs, assortie d’un délai d’exécution qui ne peut être inférieur à 24 heures (pas de délai maximum ? !). Si les squatteurs n’ont pas libéré les lieux dans le délai fixé, le préfet doit faire évacuer le logement sans délai par la force publique. Depuis la promulgation de la loi ASAP, les squatteurs ne bénéficient plus de la trêve hivernale interdisant les expulsions entre le 1er novembre et le 31 mars. Des délais à l’appréciation des autorités Chaque année, près de 150 000 ménages sont assignés en justice pour des impayés de loyer. Parmi eux 120 000 font l’objet d’une décision d’expulsion de leur logement. Une minorité est mise à exécution : un peu moins de 70 000 commandements de quitter les lieux ont été signifiés en 2018 et 16 000 ménages ont été expulsés de force. On constate par ces chiffres que les autorités hésitent à expulser : 20 % des assignations ne sont pas suivies de décision d’expulsion, seulement 58 % des décisions d’expulsion sont suivies de commandements de quitter les lieux et seulement 13 % de ces décisions d’expulsion sont exécutées par la force publique. Selon les données de l’association Droit Au Logement (DAL), en 2013, sur les 126 000 procès d’expulsion, environ 6000 d’entre eux concernaient des personnes occupant un logement sans droit ni titre, autrement dit des squatteurs. Dans une instruction du 22 mars 2017 les ministères des Affaires sociales et de la santé, de l’Intérieur, du Logement et de l’habitat durable, des familles de l’enfance et du droit des femmes et le secrétariat des personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion ont adressé aux préfets une instruction ministérielle pour la prévention des exclusions locatives. Ils y déplorent l’augmentation importante depuis 2000 des expulsions et précisent : «
L’objectif premier du dispositif de prévention doit être de réduire
fortement le nombre d’expulsions sur le département et, plus
précisément, de réduire significativement et de manière durable le
recours au jugement d’expulsion pour tous motifs (impayés, congés,
troubles de jouissance, etc.).
[…] Une politique spécifique au parc social devra par ailleurs être définie afin de tendre vers un objectif zéro expulsion sans relogement pour les locataires qui y demeurent. » Cette volonté trouve confirmation dans les propos de la ministre Emmanuelle Wargon qui assure qu’il n’y aura aucune expulsion sans proposition de relogement au 1er juin 2021. Le relogement des squatteurs, mais à quel prix… Le principe du relogement est permis par la possibilité donnée aux préfets de réquisitionner des logements. Cette faculté, qui est limitée aux logements vacants possédés par des organismes publics ou des personne morales, pourrait s’étendre aux logements vacants des propriétaires privés par application du plan national de lutte contre les logements vacants. Les conditions d’indemnisation de la privation de jouissance des propriétaires sont loin d’égaler le potentiel locatif de ces biens et les dégradations des locaux dont les squatteurs ont été expulsés ne sont pas de nature à rassurer les propriétaires des biens réquisitionnés. Il existe aussi des situations curieuses : dans de nombreuses villes des immeubles construits dans les années 1970/80 sont détruits, sous prétexte qu’ils ne répondent plus aux normes de décence actuelles. Cependant, ils sont encore honnêtement habitables et feraient le bonheur de nombreux sans-abri qui pourraient y être logés gratuitement un temps assez long avec l’argent dépensé pour la démolition. Si elle a plusieurs origines, la vacance des logements est majoritairement motivée par un déséquilibre de la réglementation qui surprotège les occupants au détriment des propriétaires. Il suffit d’une minorité de locataires indélicats ou de squatteurs pour décourager les bailleurs d’investir dans l’immobilier locatif. Les
nouvelles normes de performance énergétique vont encore aggraver le
phénomène par l’impossibilité financière de réaliser les travaux
nécessaires.
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