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03.04.2022 - N° 884 Pouvoir d’achat : les deux racines du mal
Par Simone Wapler Simone Wapler a été directrice éditoriale des publications Agora, spécialisées dans les analyses et conseils financiers. Ingénieur de formation, elle a quitté les laboratoires pour les marchés financiers et vécu l'éclatement des bulles internet et du crédit subprime. ![]() Emmanuel Macron se voulait président du
pouvoir d’achat.
Cinq ans après, il se révèle président de l’inflation, de la hausse des taxes sur la classe moyenne et les petits riches. Dans un quartier populaire de Dijon, le président en campagne s’est trouvé confronté à une foule à qui la moutarde était montée au nez : J’étouffe avec les prix du gazole Mon salaire n’a pas bougé depuis six ans, toutes mes factures ont augmenté Je suis père de famille, j’ai quarante-six ans, je n’arrive plus à vivre de mes revenus ![]() Le Monde du 7 mai 2017 sur ce sujet : Le vainqueur de l’élection présidentielle a formulé deux promesses phares pour le pouvoir d’achat :
Cinq ans plus tard, le bilan est désastreux. La dette et le déficit ont explosé, l’inflation commence ses ravages sur les budgets malgré des mesures de blocage de prix et des distributions de chèques tous azimuts. Les dépenses contraintes de la population sont en hausse fulgurante et les salaires stagnent, le tout sur fond de chômage élevé. Quelques chiffres de ce bilan quinquennal :
Premier problème : le pouvoir d’achat du salaire Sur 100 euros de salaire payé par l’entreprise, il en reste 46,70 euros au salarié a calculé l’iFRAP. Les 53,30 euros restants financent notre merveilleux système d’assurances sociales dont l’État a le monopole :
Comment font les autres pays qui n’ont pas ce problème ? Sans appeler Mc Kinsey au secours, notons simplement que dans ces pays les assurances maladies et chômages sont en concurrence (comme les assurances automobile, habitation, responsabilité civile, etc.) et que les systèmes de retraite s’appuient à la fois sur la répartition et la capitalisation selon des dosages variables. Sur ce dernier point, ceux qui vilipendent les gras dividendes empochés par les actionnaires s’opposent aussi farouchement à en faire profiter les salariés au travers de la capitalisation en vue de leur retraite. Au-delà de nos frontières, chaque salarié sait que les dividendes nourrissent leur future pension de retraite. Dans ces pays qui maîtrisent leurs dépenses publiques, les cadavres de malades et de vieillards ne jonchent pas les trottoirs, les gens savent que la santé n’est pas « gratuite », que la retraite se prépare et que les problèmes de pouvoir d’achat ne se règlent pas par des blocages de prix et des chèques du gouvernement. Deuxième problème : la rentabilité des entreprises S’acquittant déjà de salaires élevés les entreprises françaises sont moins rentables que celles des autres pays pour une autre raison : la fiscalité. L’Institut Molinari a publié une étude édifiante sur ce sujet. « Pour dégager 100
euros d’excédent net d’exploitation, l’entreprise
moyenne en France devait s’acquitter en 2019 de 168 euros de
prélèvements obligatoires nets de subvention contre 79 euros en moyenne
dans l’Union européenne à 28. La fiscalité pesait négativement deux
fois plus sur la compétitivité que dans le reste de l’UE. »
Ce tableau récapitulatif montre que les impôts de production et les autres, même en légère diminution, restent exorbitants. L’Institut Molinari résume simplement : ![]() « Employer des salariés en France coûte
cher, rapporte peu et le pouvoir d’achat des salariés est moyen ».
Solution : s’appuyer sur les meilleures pratiques des autres pays Le système monopolistique de l’assurance sociale est gangréné par la bureaucratie comme le révèle la crise des hôpitaux publics. On ferme des lits mais on garde les postes administratifs. Introduire de la concurrence serait donc bénéfique. Les gens choisiront de préférence le système public s’il se révèle plus performant pour leur pouvoir d’achat. Idem pour les assurances chômage et retraite. Introduire de la concurrence devrait permettre de secouer le cocotier du monopole d’État dans ce domaine. Reste la question de la maigre rentabilité des entreprises. Plutôt que de toujours inventer des usines à gaz de taxation-subvention pourquoi ne pas partir du principe qu’il vaut mieux laisser l’argent entre les mains de ceux qui ont su le gagner, dans la mesure où il s’agit d’argent gagnés sur des marchés concurrentiels et ouverts ? Les cabinets de conseil s’appliquent à généraliser les meilleures pratiques et leur atout est justement de les connaître. En ce sens, le recours à de tels conseillers n’est pas condamnable y compris dans le monde politique et le personnel administratif français. Politiciens et bureaucrates sont peu regardants sur ce qui se fait ailleurs car farouchement convaincus qu’ils ont les meilleures idées, les meilleurs modèles et les meilleurs fonctionnaires du monde. C’est tout simplement faux : ils sont très coûteux et le résultat n’est pas au rendez-vous, que ce soit dans le domaine de la santé, des assurances sociales, de l’éducation, de la justice, de la sécurité des biens et des personnes. Le vrai problème du pouvoir d’achat est là : le rapport qualité-prix du service public est mauvais. Ce service public est au demeurant à bout
de souffle. Il faudra un jour admettre que la dette publique ne sera
pas remboursée ou qu’elle sera rongée par une inflation incontrôlée.
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