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01.04.2022 - N° 882 Crise énergétique européenne : la responsabilité des Verts
Par Philippe Charlez Philippe Charlez est ingénieur des Mines de l'École Polytechnique de Mons (Belgique) et Docteur en Physique de l'Institut de Physique du Globe de Paris. Il est expert à l'Institut Sapiens. ![]() Les Verts portent une forte responsabilité
dans la crise énergétique
qui se prépare avec la crise ukrainienne. Porteuse de brutalité, d’oppression et de désolation la guerre est aussi révélatrice de situations latentes occultées en temps de paix. Certains visionnaires essayent légitimement d’en tirer parti en ressortant des déclarations passées ayant anticipé le présent. En revanche, rares sont ceux qui s’étant trompés font « acte de contrition » surtout dans le milieu politique où « personne ne se trompe jamais » même quand avec insistance les faits donnent tort. Dans cette catégorie des « ayant tort », on retrouve de nombreux amnésiques tentant d’occulter ou de justifier des positions antérieures controuvées. Mais, les plus méprisables sont ceux qui tordent les faits pour tenter de retourner à leur avantage un passé peu glorieux. L’hypocrisie de l’écologie politique Sans aucun scrupule, les Verts cochent aujourd’hui toutes les cases de l’hypocrisie absolue. Pour le secrétaire national d’EELV « les problèmes d’approvisionnement d’électricité de cet hiver sont dus à la défaillance du nucléaire. Si l’on avait suivi la feuille de route des Verts sur la mise en œuvre des renouvelables il n’y aurait pas de crise énergétique ». Julien Bayou renchérissait ce week-end en demandant d’appliquer dans l’urgence « un new green deal…permettant de sortir sans délai de la dépendance aux énergies fossiles ». Quant au candidat EELV à la présidentielle il se faisait le chantre de la bien-pensance climato-gauchiste en déclarant sans vergogne que « la vie des Ukrainiens valait plus que les profits » « qu’il fallait cesser d’alimenter le budget russe en fermant les robinets de gaz et de pétrole » indirectement « responsables des atrocités en Ukraine » « qu’on pouvait d’ici l’hiver prochain installer les renouvelables capables de compenser le déficit de gaz » et enfin « que les renouvelables étaient le seul chemin de la paix et de la sécurité ». Une vision de l’Histoire qui malheureusement n’appartient qu’à monsieur Jadot et à ses disciples. Depuis un demi-siècle, l’écologie politique s’est constituée partie civile auprès de Gaïa dans le projet qu’elle intente à sapiens. Si son combat officiel s’appelle « lutte contre le dérèglement climatique » son véritable engagement se trouve ailleurs. Avant de s’intéresser à Dame Nature, l’écologie politique s’est initialement rassemblée autour d’un marxisme pacifiste et anticapitaliste. Son engagement climatique n’est aujourd’hui qu’une instrumentalisation grossière visant à justifier son véritable agenda idéologique : détruire la société de croissance, son démon capitaliste et son socle judéo-chrétien pour installer une nouvelle société wokiste et égalitariste. Responsabilité de l’idéologie verte dans la crise énergétique La crise énergétique amorcée à l’été 2021 puis la guerre russo-ukrainienne ont révélé au grand public la forte dépendance gazière de l’Europe vis-à-vis de la Russie. Liée au remplacement des équipements thermiques par des équipement électriques, cette dépendance se lit en filigrane de choix énergétiques erronés largement impactés par l’idéologie écologiste et reposant sur une utopique croissance verte faite de 100 % de renouvelables. Cette stratégie a conduit l’Europe à investir démesurément dans l’éolien et le solaire tout en percolant dans l’opinion publique une pensée moraliste anti-nucléaire. Dans son discours fondateur de Lyon du 29 janvier 2022, Yannick Jadot confirmait que « l’opposition au nucléaire n’est ni technique ni climatique, elle est politique en plus d’être morale ». Sans source pilotable pour les supporter, les ENR sont pourtant orphelins. Le sous-investissement européen dans le nucléaire depuis 20 ans ne pouvait à terme que booster la demande gazière. Malgré leur statut de nain politique, les écologistes portent une responsabilité écrasante dans la situation actuelle. Croissance de la demande gazière, mouvements anti-gaz de schiste, pression sur les banques pour ne plus investir dans les hydrocarbures, encouragement à ne pas réaliser le grand carénage des centrales nucléaires existantes, fermeture de Fessenheim, opposition aux nouvelles EPR, arrêts des projets portant le nucléaire du futur comme Superphénix et Astrid, la liste est longue. En idéologues partiaux, ils parlent sans cesse de l’infréquentabilité des pays producteurs de pétrole et d’uranium (notamment le Kazakhstan inféodé à la Russie) mais jamais de celle des pays producteurs de métaux rares pourtant parmi les moins démocratiques du monde. Le rôle trouble des écologistes ne s’arrête pas là. Il est aujourd’hui établi que certaines ONG notamment allemandes ont entretenu des relations de proximité avec le géant Gazprom, et obtenu des oligarques russes de juteux financements en échange d’un puissant lobbyisme anti-nucléaire et anti-gaz de schistes. Trouvez l’erreur ! Si le téra euro stupidement investi dans le vent et le soleil l’avait été de façon concertée dans le nucléaire, l’Europe serait aujourd’hui pratiquement délivrée du gaz sibérien et pourrait imposer à la Russie « l’embargo de sa mort économique ». En voulant couper pour des raisons qu’ils prétendent humanitaires le robinet de gaz qu’ils ont généreusement ouvert et en prétendant qu’on pourrait d’ici l’hiver prochain installer les renouvelables capables de compenser le déficit de gaz, les écologistes se soucient fort peu du bien-être des Français. Rappelons qu’en janvier le solaire et l’éolien nous fournissaient moins de 2 % de l’électricité aux heures de pointe. En déclarant que les renouvelables étaient le seul chemin de la paix et de la sécurité, ils font preuve d’un cynisme sans limite, surenchérissant par pure idéologie un modèle qui est en train de conduire à notre perte. La faillite électorale prévisible et salutaire d’EELV à la prochaine présidentielle ne signifiera pas pour autant la fin de leur inoculation idéologique. Bien que la gauche ne représente plus en
France que 25 % du corps électoral, sa pensée égalitariste reste
pourtant largement majoritaire dans l’opinion publique.
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