La Mouette déchainée
                             Réactions, enquêtes, déclarations...

                                 











Toutes les news
c'est ici




Contact


Vos réactions, vos commentaires


Abonner un(e) ami(e)

Vous abonner

Qui sommes nous ?


25.03.2022
- N° 875

L’industrie : la solution pour
rendre aux Français leur pouvoir d’achat

 

Dernier commentaire paru le 19 janvier 2022, de Patcat :
A lire ici
Vous aussi, faites nous part de vos commentaires, de vos réactions, de vos témoignages... nous pourrons les publier.
cliquez ici

Par Claude Sicard


Claude Sicard est ingénieur agronome, Sciences Po, et docteur en économie. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur la stratégie d’entreprise : Pratique de la stratégie d’entreprise, Le Manager Stratège et L’audit de Stratégie (Ed Dunod).
Après un début de carrière dans l’industrie, a été directeur adjoint du département d’Économie de la CEGOS. Puis, ayant créé son cabinet de Conseil, la société OCS, Consultants, il s’est spécialisé dans les techniques d’analyse stratégique d’entreprises.



La question de l’industrie en France devient primordiale pour résoudre
le problème de la baisse du pouvoir d’achat.


Un sondage IPSOS Sopra-Steria, des 18 et 19 janvier derniers indiquait que les trois premières préoccupations des Français sont les suivantes :
  1. Le pouvoir d’achat ( 51 %)
  2. Le système de santé (32 %)
  3. L’environnement (30 %)
On comprend donc que les candidats à la mandature suprême placent l’amélioration du pouvoir d’achat en tête de leur programme. Mais encore faut-il qu’ils se montrent capables de traiter ce problème avec compétence, comme cela est attendu de la personne qui sera demain en charge des destinées du pays.

C’est là qu’est la difficulté, car il n’est pas certain que les électeurs soient tous en mesure de faire correctement la distinction entre les propositions émanant de simples démagogues et celles, moins évidentes car plus sophistiquées, de candidats qui proposent des solutions conformes aux intérêts à long terme du pays, des solutions dont les effets pourraient être moins immédiats.

Citons rapidement les propositions formulées par les uns et les autres.
  • Jean-Luc Mélenchon passera le SMIC à 1400 euros,
  • Anne Hidalgo doublera le salaire des enseignants,
  • Valérie Pécresse augmentera de 10 % les salaires des personnes percevant jusqu’à 2,5 SMIC,
  • Etc.
Le problème est de savoir comment procéder pour faire de tels miracles.

Et, l’imagination est débordante. Certains souhaitent procéder à des blocages de prix et d’imposer aux grandes surfaces un coefficient maximum de leurs prix de vente par rapport aux prix d’achat pour les produits de première nécessité. D’autres pensent faire des économies sur les dépenses publiques en supprimant de très nombreux postes de fonctionnaires, en diminuant les dépenses liées à l’aide aux trop nombreux migrants qui affluent dans notre pays chaque année… Marine Le Pen évoque la nationalisation des autoroutes et la privatisation de l’audiovisuel public.

Et bien sûr, chaque candidat indique pouvoir trouver des ressources importantes en s’attaquant aux fraudes fiscales et sociales, les chiffres avancés se situant à des niveaux souvent très élevés comme si rien n’était fait aujourd’hui dans ce domaine.

Curieusement, aucun ne semble avoir la bonne solution : seule la reconstruction du secteur industriel français parviendra à augmenter durablement le niveau de vie des Français. Le président de la  république est maintenant lui aussi dans l’arène : il a découvert, mais seulement en fin de mandat, et à cause de la crise du Covid-19 le problème de sous-industrialisation du pays et la nécessité de s’atteler à  sa réindustrialisation.

Une candidate comme Marine Le Pen, qui bénéficie d’un incontestable soutien parmi les classes laborieuses puisqu’elle aborde depuis des années la nécessité de produire beaucoup plus en France ne relie pas l’augmentation du pouvoir d’achat de la population à la production industrielle du pays. Dans  une interview récente accordée au  magazine Forbes-France elle dit : « En produisant en France nous ferons baisser le déficit commercial, nous créerons de l’emploi, et nous gagnerons en indépendance et en sécurité logistique ». Mais elle ne dit pas « nous augmenterons le pouvoir d’achat de la population ».

La question de l’industrie française

Notre secteur industriel est sinistré : il ne contribue plus que pour 10 % seulement à la formation du PIB, alors qu’il devrait s’agir d’au moins 18 %, sinon 20 %. La France s’est fortement désindustrialisée depuis la fin des Trente Glorieuses, ses effectifs industriels sont passés de 6,5 millions d’emplois à 2,7 millions aujourd’hui : elle est le pays le plus désindustrialisé d’Europe, la Grèce mise à part.

Cette grave désindustrialisation explique tous les déséquilibres de l’économie :
  • chômage,
  • dépenses sociales exorbitantes,
  • prélèvements obligatoires records les plus élevés de tous les pays de l’OCDE,
  • balance commerciale déficitaire,
  • endettement du pays.
Pendant très longtemps, nos dirigeants n’ont pas compris que la production industrielle est l’élément clé de la richesse. Ils ont laissé le pays se désindustrialiser et s’appauvrir considérablement car il existe une corrélation très forte entre la production industrielle des pays et le PIB/capita des habitants.

La France a une production industrielle faible de 6432 dollars par habitant et un PIB/capita de seulement 39 030 dollars.

L’Allemagne, avec un ratio bien meilleur de 12 279 dollars a un PIB/capita de 46 208 dollars.

La Suisse, avec un chiffre record de 22 209 dollars, dispose d’un PIB/capita de 87 097 dollars, le plus  fort d’Europe.

Pour accroître le niveau de vie des Français il faut donc reconstituer le secteur industriel et tout faire pour le porter le plus rapidement possible à 18 % du PIB.

Avec les ratios datant de la période antérieure à la révolution numérique, les seuls à disposition statistiquement, on estime à 1,8 million le nombre d’emplois industriels à créer. Les effectifs de l’industrie s’élèveraient ainsi à 4,5 millions de personnes, à comparer aux 6,2 millions de l’Allemagne dans les entreprises de plus de 20 personnes, la contribution de l’industrie à la formation du PIB dans ce pays étant très élevée, de l’ordre de 24 % du PIB.

Certes, avec la numérisation qui s’est développée considérablement dans les activités industrielles ces dernières années,  il ne va pas s’agir de 1,8 million d’emplois nouveaux à créer, mais d’environ un million, voire même un peu moins.

Le Plan de 30 milliards d’euros dévoilé par Emmanuel Macron le 12 octobre 2021 devant quelques 200 chefs d’entreprise réunis à l’Élysée n’y suffira pas car il vise à soutenir les programmes d’investissement d’avenir, c’est-à-dire les industries nouvelles. Le chef de l’État l’a présenté comme un plan destiné à « faire émerger les futurs champions technologiques de demain dans les technologies d’avenir ». Ce n’est pas avec un tel plan que sera créé le million d’emplois industriels manquants et nécessaires.

Il va falloir imaginer d’autres mesures en songeant tout particulièrement à attirer le maximum d’investissements étrangers. Ce n’est pas uniquement avec les entreprises industrielles françaises et les innovations issues des organismes soutenus par le Plan PIA (Plan Investissements d’Avenir) initié en 2010 par Nicolas Sarkozy que le pays s’en sortira. Les entreprises françaises n’y suffiront pas, pas avantage que les nouvelles startups : il faudra avoir recours massivement aux investissements étrangers, et donc faire en sorte que tous s’orientent vers l’Europe et prioritairement en France.

Celui des candidats à la présidentielle qui sera élu aura comme priorité la réindustrialisation de la France car c’est par cette voie que passe la remise sur pied de la machine économique et l’amélioration durable du niveau de vie des Français. Il reste à trouver le moyen de créer dans des délais raisonnables tous ces emplois industriels qui font gravement défaut.

Il y va de l’avenir des prochaines générations et de la place de notre pays dans le monde.


Faites nous part de vos commentaires, de vos réactions,
de vos témoignages... nous pourrons les publier.

______________









Qui sommes-nous ?

Nous écoutons, nous lisons, nous regardons...

C'est parfois un peu ardu, et les news peuvent demander de l'attention.
Mais elle sont souvent remarquables !


Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion et nourrir celle-ci.
Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici.


Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs,
et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur.

Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation.


Bien sûr, vos commentaires sont très attendus.


   L'équipe de La Mouette déchaînée.