![]() Toutes les news c'est ici Contact
Abonner un(e) ami(e) Vous abonner Qui sommes nous ? |
16.03.2022 - N° 866 Centrale nucléaire en Ukraine : « Bouh, fais-moi peur ! »
Par Michel Gay Citoyen ordinaire, abonné EDF et contribuable, Michel Gay a été pilote de chasse dans une vie antérieure. Il est l'auteur du livre "Vive le nucléaire heureux" et anime le site internet http://www.vive-le-nucleaire-heureux.com. Il a reçu en décembre 2016 le prix Yves Chelet décerné par la Société Française d'Énergie Nucléaire (SFEN / PACA). ![]() Les 15 réacteurs présents sur le territoire
ukrainien ne sont pas une menace,
sauf dans la tête des gens qui aiment se faire peur. Suite à l’assaut russe sur la centrale nucléaire de Zaporijjia en Ukraine dans la nuit du 3 au 4 février 2022, il peut être utile de rappeler que le risque d’accident nucléaire est quasiment nul (aucune fuite radioactive n’a été signalée) et que les réacteurs nucléaires, ainsi que les installations (stockage du combustible) situés sur les centrales électriques françaises et ukrainiennes, ne peuvent pas être utilisés comme menace de guerre. De plus, il n’y a strictement rien à redouter des attaques russes visant à occuper les centrales nucléaires ukrainiennes (de conception russe) car le vent souffle souvent vers l’est (la Russie), et les Russes ne sont pas idiots, même si certains médias tentent de le faire croire. De quoi s’agit-il ? Une attaque russe pour détruire des réacteurs nucléaires n’a aucun sens. Techniquement, il faudrait couper toutes les alimentations électriques externes et internes d’une centrale nucléaire pour enclencher la fusion du cœur. Mais cela ne suffirait pas, du moins à court terme. Il faudrait aussi couper l’alimentation en eau. Malgré cela, la convection naturelle et la détente du pressuriseur empêcheront le combustible de fondre pendant plusieurs heures, voire plusieurs jours, ce qui permet de remettre en ligne un refroidissement. En effet, le refroidissement du réacteur à l’arrêt s’effectue par les générateurs de vapeur grâce à une circulation de l’eau primaire en thermosiphon. L’alimentation en eau peut aussi continuer dans le circuit secondaire qui dispose de turbopompes jusqu’à épuisement des réserves. Cela laisse du temps pour mettre en place des moyens ultimes (par exemple une motopompe alimentée par son propre groupe électrogène et puisant dans la nappe phréatique ou une réserve d’eau locale). Un réacteur nucléaire ne peut pas exploser comme une bombe nucléaire. C’est physiquement impossible. Les explosions qui ont libéré de grandes quantités de radioactivité dans l’environnement à Fukushima sont dues à l’hydrogène accumulé à la suite de la fusion du cœur des réacteurs consécutive à la perte totale des sources de refroidissement : les pylônes électriques avaient été balayés par le tsunami qui avait aussi totalement noyé les groupes électrogènes diesels. Or, s’il y avait une action volontaire conduisant à une libération massive de radioactivité dans l’air, elle se propagerait surement en Russie car Poutine n’a pas encore le pouvoir de changer le sens du vent qui souffle généralement d’ouest en est, donc vers la Russie. Bien entendu, les antinucléaires (le candidat Yannick Jadot en tête) vont brandir ces évènements en Ukraine pour tenter de faire croire une nouvelle fois que le nucléaire est trop dangereux et qu’il faut arrêter immédiatement tous les réacteurs nucléaires en France et dans le monde. Enceintes de confinement Les standards adoptés pour sécuriser les réacteurs ukrainiens sont comparables à ceux adoptés par la France et par l’Europe. Ils sont protégés par des enceintes de confinement en béton renforcé d’acier qui permettent de confiner la radioactivité en cas de fusion du cœur du réacteur. Elles ont fait leurs preuves lors de l’accident d’un réacteur à Three mile Island où quasiment aucune radioactivité n’est sortie du réacteur malgré la fusion du cœur. Prévues pour résister à différents types de missiles, elles peuvent néanmoins être dégradées si elles sont délibérément prises pour cible. La centrale de Zaporijie, située à 80 kilomètres de Kiev, a ainsi continué à fonctionner normalement, malgré l’incendie déclenché par un projectile russe sur un bâtiment technico-administratif annexe. Un seul de ses six réacteurs VVER-1000 était en fonctionnement, et les cinq autres à l’arrêt continuent à être refroidis normalement, les opérateurs ukrainiens étant toujours chargés de leur gestion. Seuls deux réacteurs plus petits, ceux de la centrale de Rivne, dans le sud-ouest de l’Ukraine, ne sont pas équipés d’une telle enceinte de confinement. Mis en service à la fin des années 1970, ils peuvent présenter davantage de risques en cas d’attaque délibérée visant leur destruction (ce type de réacteur n’existe pas en France ni dans l’Union européenne). Combustibles et déchets L’Ukraine compte plusieurs piscines de refroidissement pour accueillir les combustibles nucléaires usés utilisés par les réacteurs des différentes centrales, des sites d’entreposage de déchets radioactifs, des parcs d’entreposage à sec et des réacteurs de recherche et de faible puissance. Le risque d’une attaque intentionnelle des Russes pour détruire des réacteurs n’a absolument aucun sens car les militaires russes feraient courir un risque inutile à leurs propres hommes et à leur propre territoire. En revanche, la maîtrise des 15 réacteurs du parc nucléaire ukrainien assurant environ la moitié de la production d’électricité du pays représente un certainement un objectif militaire, mais pas leur destruction. Propagande antinucléaire Les antinucléaires répandent comme d’habitude de fausses informations en affirmant que les centrales nucléaires sont des bombes potentielles pouvant exploser à tout moment en répandant de dangereuses radiations. La population victime de cette propagande odieuse pendant des années est prête à paniquer et à fuir au moindre incident ou incendie. Grâce à cette propagande bien huilée, il n’y a même pas besoin de provoquer une fuite de radiation nucléaire pour obtenir dorénavant ce résultat : en cas d’annonce ou de manipulation de l’information, des milliers, voire des millions de personnes tenteraient de fuir la zone provoquant une crise humanitaire et un chaos suffisant pour faciliter la victoire pendant une guerre. Aujourd’hui, tous ceux qui pérorent que la présence de centrales nucléaires dans une zone de guerre est « une menace pour toute l’Europe » travaillent activement pour Poutine. Les 15 réacteurs présents sur le territoire ukrainien ne sont pas une menace, sauf dans la tête des gens qui aiment se faire peur. Et aussi dans l’esprit des médias qui
adorent susciter la peur pour améliorer leur audience… Ils sont si friands d’émotions qu’ils traitent ce sujet
vendeur sous l’angle
« Bouh, fais-moi peur ! ».
______________
|
||||
Qui
sommes-nous ? Nous écoutons, nous lisons, nous regardons... C'est parfois un peu ardu, et les news peuvent demander de l'attention. Mais elle sont souvent remarquables ! Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion et nourrir celle-ci. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs, et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation. Bien sûr, vos commentaires sont très attendus. ![]() |