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11.08.2021 - N° 665
Idée reçue : c’est gratuit, c’est l’État qui paie
Par Eddie Willers Eddie Willers est né 1993. Il est analyste dans un fonds d’investissement et engagé dans le scoutisme. Il souhaite tordre le cou à quelques idées reçues souvent assénées comme des vérités par nos journalistes et nos hommes politiques ![]() L’État
serait-il une sorte de boite noire par laquelle nous pourrions
transformer des services privés, payants en service publics, gratuits ?
Quel magnifique tour de magie ! En réalité, la vérité est un peu plus
complexe. « Ma fille m’a demandé : C’est quoi les impôts papa ? J’ai mangé la moitié de son pain au lait… elle a compris ! » Ce tweet a provoqué la réaction indignée de nombreux membres et de politiques qui sont venus lui rappeler qu’après tout, il était bien content que sa fille profite des écoles et des hôpitaux de la République : publics et surtout gratuits ! Il y a quelques années, notre Président avait aussi affirmé le plus sereinement du monde, au sujet du coût des emplois d’avenir dans les collectivités territoriales : "En l’occurrence non, ça ne coûte pas cher aux collectivités locales,
puisque c’est l’État qui paye". LA MAGIE ÉTATIQUE ![]() L’État serait donc une sorte de boite noire par laquelle nous pourrions transformer des services privés, payants, en services publics, gratuits. Quel magnifique tour de magie ! En réalité, comme nous allons le voir la vérité est un peu plus complexe et beaucoup moins belle. Milton Friedman est resté célèbre notamment pour une de ses déclarations : « There’s no free lunch ». Pourquoi donc si on m’offre un repas celui-ci ne serait pas gratuit ? Pour la simple et bonne raison que si j’ai accepté ce repas j’ai renoncé à autre chose : un déjeuner avec un ami, travailler, faire du sport… Pour accepter ce repas j’ai dû abandonner d’autres possibilités. Le choix de ce renoncement est donc un coût. Il faut cependant reconnaître que pour certaines choses le coût peut être infime car la satisfaction apportée par les autres opportunités qui s’offrent est excessivement faible. Exemple : vous aviez prévu de rester chez vous un samedi soir et cette perspective ne vous emballait pas franchement lorsqu’un ami décide de vous payer sa tournée afin de fêter la signature de son premier CDI ! NOS MAGNIFIQUES SERVICES PUBLICS Dans d’autres cas malheureusement les coûts sont apparents et relativement élevés. C’est le cas notamment de nos magnifiques services publics que le monde entier nous envie. Lorsque nous emmenons nos enfants à l’école, nous nous rendons bien compte qu’il faut payer des professeurs, l’entretien des bâtiments, le matériel pédagogique etc. Idem à l’hôpital : il faut payer des médecins, des infirmiers, du matériel, l’entretien des hôpitaux etc. En 2017, l’État prévoyait ainsi de débourser 50 milliards d’euros pour l’éducation, hors enseignement supérieur. Or, une comptabilité fonctionne en partie double, s’il y a un coût d’un côté, il faut forcément un financement de l’autre pour le payer. Dans le cas présent, cette source de financement s’appelle les cotisations payées par les salariés. LES COTISATIONS PATRONALES N’EXISTENT PAS Oui, petit aparté, les cotisations patronales ça n’existe pas. Un chef d’entreprise embauche quelqu’un car il espère qu’il coûtera moins cher qu’il ne rapportera à la société. Le salaire et les cotisations afférentes font partie des coûts de ce salarié. Lorsqu’un chef d’entreprise embauche quelqu’un, il est prêt à payer tout cela pour qu’il fasse partie de la société. Que cette somme lui revienne directement ou qu’elle soit reversée en partie à l’État cela revient au même pour le chef d’entreprise. Il pourrait tout aussi bien payer le salarié la somme correspondant à son salaire net + cotisations sociales + cotisations dites patronales. In fine c’est le donc salarié qui paie tout ce qui part dans les poches de l’État, les cotisations patronales sont par conséquent payées par les salariés. CQFD. Revenons à nos moutons : s’il y a un coût d’un côté, il doit forcément y avoir un financement de l’autre. Les cotisations sociales constituent cette recette et comme nous venons de le voir elles sont payées intégralement par les salariés ! Mince alors, il s’avère que nos services publics ne sont pas si gratuits que cela puisqu’ils sont financés via un prélèvement sur les salaires d’un nombre important de Français. SE FINANCER PAR LA DETTE ? Certains rétorqueront : oui, mais on peut se financer par la dette. Dans ce cas, nous ne faisons pas supporter le poids du financement sur les salariés. Pas si vite. Normalement une dette doit être remboursée. Pour rembourser cette dette l’État n’a qu’une option : prélever un impôt en forçant les contribuables à le payer. Encore une fois ce n’est pas gratuit. Une partie de la classe politique, plutôt classée à l’extrême gauche, pense avoir trouvé la solution miracle : ne remboursons pas cette dette ! Dans ce cas vous faites subir une perte à la personne qui vous a prêté l’argent. C’est donc elle qui paie. Sachant que la dette française est tout de même détenue à 40 % par des personnes morales ou physiques résidant en France, le coût est élevé pour les Français, quand bien même on assumerait totalement de faire payer nos services publics par des étrangers. Zut et flûte. Toujours pas de solution pour rendre nos services publics gratuits. On pourrait dire : l’État a des participations dans des entreprises qui versent des dividendes. Au-delà de la nocivité de ces participations vue précédemment, pour acheter ces parts d’entreprises, l’État a eu recours à l’impôt et/ou la dette. Le coût de ces participations a donc été supporté par le contribuable/les salariés ou les créanciers de l’État. Nous voyons donc que prétendre qu’un service public est gratuit est une ineptie sans nom. Son coût est toujours supporté par quelqu’un : les salariés, le contribuable, des créanciers etc. Quoi qu’en disent les gouvernements, la comptabilité ne triche pas
et elle fonctionne en partie double. Article initialement publié en mars 2017.
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