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18.06.2021 - N° 611
Greenpeace : 50 ans d’activisme médiatique
Par Nathalie MP Meyer Nathalie MP Meyer est née en 1962. Elle est diplômée de l’ESSEC et a travaillé dans le secteur de la banque et l’assurance. Depuis 2015, elle tient "Le Blog de Nathalie MP" avec l’objectif de faire connaître le libéralisme et d’expliquer en quoi il constituerait une réponse adaptée aux problèmes actuels de la France aussi bien sur le plan des libertés individuelles que sur celui de la prospérité économique générale. ![]() Greenpeace,
une organisation dont la motivation initiale concernait le bien-être
des humains sur la Terre, s’est peu à peu transformée en une croyance
radicale selon laquelle c’était les humains qui mettent la planète en
danger. Donc la performance devait être merveilleusement spectaculaire et spectaculairement médiatique ainsi que Greenpeace Allemagne en informait la twittosphère dûment impressionnée dès 21 h 16 mardi soir dernier alors que le match France Allemagne de l’Euro 2020 (qui se joue en juin 2021, Covid oblige) était sur le point de commencer : ![]() Dans son viseur, le constructeur automobile allemand Volkswagen, sponsor de l’Euro de foot et grand responsable à ses yeux de la dégradation du climat via la vente de voitures à moteurs thermiques essence et diesel. « Time to kick out oil ! » (Il est temps de sortir du pétrole !) s’est exclamée l’ONG en lettres géantes sur l’aile (en coton équitable recyclé ?) d’un ULM (à propulsion musculaire ? électrique ?) qui devait survoler le stade Allianz Arena de Munich juste avant le coup d’envoi de la rencontre. Mais problème, car « tout ne s’est pas passé comme prévu ». Il a fallu que le câble de la caméra aérienne du stade se mette en travers de sa route, transformant ce qui devait être un tour de piste impérial et vertueux en une cascade ridicule et ratée qui aurait facilement pu tourner à la catastrophe. Après une sorte de vol en rase-motte incontrôlé au-dessus des tribunes, le pilote et son appareil se sont finalement posés sans trop de dommages sur la pelouse du stade : Résultat de la performance : deux personnes ont été blessées à la tête et ont dû être conduites aux urgences. Quant au pilote-militant, il a manqué de peu d’être abattu par des tireurs d’élite de la police allemande… Outre que pour lui, c’était peut-être un risque excessif à prendre au regard de son message somme toute pas très original dans le récit écolo de l’époque, on voit d’ici les scènes de panique et les dangereuses bousculades qui auraient pu survenir dans la foulée. D’où, à 21 h 53, second tweet de Greenpeace Allemagne. En substance : nos intentions étaient parfaitement pures et pacifiques, on ne sait pas ce qu’il s’est passé, on n’a pas vu le câble, on n’a pas pensé que les choses pouvaient mal tourner, mais fondamentalement nous ne sommes qu’amour, paix et bien-pensance. Greenpeace France, jamais en retard d’une performance supplémentaire, a jugé utile d’ajouter sa petite touche inclusive sur l’événement en concluant son propre tweet par « nous en sommes désolé.es ». Mais j’y pense : n’aurait-il pas fallu écrire désolé.e.s ? Quand on vous dit qu’en France, il n’y a plus d’orthographe nulle part… ![]() L’impact médiatique est bien évidemment au cœur de la réussite de toutes les organisations telles que Greenpeace. Patrick Moore, qui fut co-fondateur de l’ONG en 1971, a déjà raconté dans ces pages comment, en 1977, une photo de lui-même assis sur un bébé phoque pour le protéger des chasseurs alors qu’il est entouré par des policiers canadiens en train de l’arrêter avait été prise spécialement pour faire le buzz dans la presse internationale. Ce fut un beau succès planétaire : à l’époque, plus de 3000 titres ont repris le cliché et des millions de personnes sont devenues du jour au lendemain d’ardents défenseurs des bébés phoques. Mais en 1986, Patrick Moore quittait Greenpeace avec fracas pour désaccord sur de nombreux sujets particuliers dont le nucléaire civil, totalement rejeté encore maintenant par l’ONG. Plus fondamentalement, il n’arrivait plus à s’identifier à une organisation dont la motivation initiale qui concernait le bien-être des humains sur la Terre s’était peu à peu transformée en une croyance radicale selon laquelle c’était les humains qui mettaient la planète en danger. L’incident de l’Euro 2020 est typique de ce mode de pensée où l’activiste ne voit que sa cause à défendre (une CAD ?) sans songer un seul instant aux conséquences possibles de ses actes pour les autres, pour leur sécurité, pour leur travail, leurs œuvres du quotidien ou leur cultures ancestrales. Si Greenpeace recherchait le buzz médiatique à Munich, on peut dire que l’affaire a réussi au-delà de toutes ses espérances… à ceci près que le méchant de l’histoire, ce n’est plus Volkswagen comme le souhaitait l’ONG, mais l’ONG elle-même dont on est de plus en plus fondé à se demander si elle ne penserait pas elle aussi, comme tous les mouvements autoritaires, que la fin justifie n’importe quels moyens, y compris ceux qui mettent en danger des populations qu’elle prétend par ailleurs protéger du grand tremblement climatique. Tous ces grands développements pour un seul petit vol raté en ULM qui n’a même pas fait de victimes et qui n’a même pas empêché le match d’avoir lieu ? Pas vraiment. En décembre 2014, déjà, lors du sommet de Lima (Pérou) sur le climat, nos amis de Greenpeace se faisaient fort de marquer les esprits en déployant leurs slogans habituels en des lieux et des circonstances de nature à attirer l’attention. Pour eux, entrer illégalement sur un site méticuleusement protégé, unique au monde, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1994, où même le Président du Pérou doit obtenir une autorisation spéciale pour se rendre n’est évidemment pas un problème. La CAD d’abord, le reste ensuite. Et les voici entrant nuitamment sur le site de Nazca et se mettant à piétiner et à endommager à qui mieux mieux de mystérieuses lignes en forme d’animaux tracées au sol il y a plus de 2000 ans. Pas de blessés, pas de morts, mais juste un suprême mépris pour la culture et l’histoire des hommes sur cette Terre. Le gouvernement péruvien de l’époque n’a pas mâché ses mots pour fustiger le comportement inadmissible des activistes et les dirigeants de Greenpeace ont dû prendre une fois de plus leur plus belle plume pour s’excuser. Si l’on peut éventuellement dire, avec beaucoup d’indulgence, qu’il y avait une certaine dose d’inadvertance ou d’inconscience à Munich et à Nazca, force est de constater que les mouvements écologistes qui se forment aujourd’hui autour des lycéens et des étudiants inspirés par les revendications radicales de Greta Thunberg ne sont plus du tout dans la maladresse imprévue puisque les dégradations, l’atteinte aux biens et les blocages en tous genres sont devenues l’action elle-même dans la plus pure tradition du coup de force syndical d’extrême gauche. C’est en toute (bonne) conscience que les jeunes de Youth for Climate ont refait la déco des bureaux de BlackRock France, intronisé récemment nouveau croquemitaine du climat et de nos retraites par répartition (février 2020). C’est en toute (bonne) conscience qu’une poignée de militants d’Extinction Rebellion ont bloqué une rame du métro londonien en montant sur le toit d’une voiture, provoquant rapidement la colère des passagers mis dans l’impossibilité de se déplacer (octobre 2019) : Et c’est en toute (bonne) conscience que lors de la grève du 5 décembre 2019 contre la réforme des retraites, d’autre militants d’Extinction Rebellion ont saboté quelque 3600 trottinettes électriques en libre-service, afin de manifester leur opposition à des produits pas vraiment écologiques (pas faux mais pourquoi saboter ?) et surtout « briseurs de grève » (aspect convergence des luttes). Rien ne doit permettre à quiconque d’échapper aux blocages décidés par les nouveaux tyrans de l’écologie sociale et solidaire. Bref,
trop d’activistes abrités derrière la prétention rhétorique d’agir pour
un futur meilleur se moquent ouvertement et sciemment de leurs
congénères.
Le temps du débat d’idées semble révolu tandis que les opérations d’intimidation et leurs cohortes de destructions de biens et de restrictions des libertés font rage. Le mini-drame de Munich, cette parfaite indifférence à l’égard d’autrui, c’était aussi cela. Et dire que Greenpeace fête ses 50 ans cette année… La maturité, c’est pour quand ?
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