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13.05.2020
Quand la CGT réclame une dangereuse judiciarisation de la vie publique ![]() Par GILLES WILLIAM GOLDNADEL Fondateur et président de l'association Avocats Sans Frontières, et président de l'Association France-Israël, Gilles-William Goldnadel se déclare « hostile à toutes formes d’antisionisme et d’antisémitisme indépendamment de leur orientation politique » (Le nouveau bréviaire de la haine) et dénonce l’émergence d’un « nouvel antisémitisme » d’une certaine partie de la gauche. Outre son engagement en faveur de l'État d’Israël, il est reconnu comme proche des milieux de droite (Une idée certaine de la France), et assez loin de l'extrême droite. Deux maux s’acharnent sur la malheureuse économie française.
L’un est un mal français, l’autre est occidental. Les deux maux s’entendent comme larrons en foire. Le premier s’appelle syndicalisme idéologique. Le second se nomme judiciarisation systématique. Commençons donc par le second que je prétends connaître un peu. Le débat parlementaire qui se forme dans les deux chambres est parfaitement compréhensible. Les maires et autres membres du personnel politique sont fondés à craindre que le jour d’après, le citoyen ou plus encore des associations viennent leur chercher mauvaise querelle devant le tribunal. Celui qui signe ces lignes n’est certainement pas le dernier à ruminer quelque rancœur juridique devant l’impéritie de son gouvernement aux résultats calamiteux, ne serait-ce qu’à les comparer avec d’autres pays. Je préfère renoncer à une procédure pénale plutôt que de voir tétanisé de peur l’appareil politique. Pour ne prendre que le dernier exemple en date: on vient d’apprendre que la compagnie Air France avait sagement décidé de faire prendre la température à tous ses passagers avant l’envol. Qu’on songe à notre ministre de la Santé démissionnaire pour raisons électorale en pleine épidémie qui non seulement ne voyait pas d’inconvénients à ce que les frontières aériennes avec la Chine contaminée demeurent béantes mais s’est opposée à ce qu’on prenne la température des passagers sous le prétexte que certains auraient pu prendre du paracétamol… Additionnez sottise et idéologie et vous aurez une hausse de votre épidémie. Il n’en demeure pas moins que, la mort dans l’âme, je préfère renoncer à une procédure pénale plutôt que de voir tétanisé de peur l’appareil politique. La meilleure condamnation à mort de l’homme politique fautif, son cercueil idéal, c’est encore l’urne électorale. Raison pourquoi, s’il faut pour rassurer le personnel politique par un texte, à mon sens de juriste inutile depuis la loi Fauchon, je n’y vois pas grand inconvénient. J’ajoute, nécessité faisant loi, ne pas voir pour quelle raison de telles dispositions conjoncturelles ne seraient prises en faveur des responsables d’entreprises qui peuvent redouter eux-mêmes des déferlements procéduraux. La position tempérée que je prends et qui sera sans doute critiquée par les esprits avides d’absolu s’appuie sur l’expérience. L’inflation des affaires judiciaires fait l’affaire des robins. Le mal de la judiciarisation qui nous vient d’Amérique frappe tous les pans de la société. L’inflation des affaires judiciaires fait l’affaire des robins. Il n’est pas un domaine qui n’en soit affecté au-delà du besoin. La guerre du patron et de l’employé. La guerre entre associés. La guerre entre responsables politiques et citoyens. La guerre des conjoints. J’ai connu l’affaire du sang contaminé. Des responsables de la santé poursuivis pendant des années bruyamment. Puis blanchis en silence mais moins que leurs cheveux. Et définitivement meurtris. Laurent Fabius s’en souvient aussi. J’en viens au second mal en achevant le premier. La judiciarisation est devenue également une spécialité du syndicalisme à la française. Je devrais écrire plus trivialement un fonds de commerce. Des délits de harcèlement au travail imaginaires encombrent les tribunaux français. Sans qu’il soit évidemment possible de pouvoir a priori distinguer le bon grain d’une procédure qui s’impose de l’ivraie d’une chicane à but lucratif ou publicitaire. Je songe, parmi mille exemples, à cette directrice de l’École Supérieure de Commerce d’Amiens poursuivie pendant des années et blanchie sur le tard. Elle ne s’en est pas entièrement remise. Et je ne parle pas de cette école qui était l’un des fleurons des écoles commerciales. Le journal local eut l’honnêteté de faire amende honorable. La CGT est animée par une idéologie visant à faire tomber la société libérale et démocratique. La CGT étant à la manœuvre, comme dans toutes les entreprises judiciaires de ce genre, j’en viens au mal spécifiquement français qu’est le syndicalisme destructeur. Le 27 avril, dans le cadre de cette même chronique, j’écrivais combien le syndicalisme français était responsable de la destruction de l’industrie française. En raison du triste privilège syndical français dont bénéficient des syndicats tels que la CGT ou Sud, le tissu industriel de notre pays est en lambeaux, au rebours de notre voisin germain qui, bien que possédant des syndicats combatifs, est capable de fabriquer masques et respirateurs. La mortalité est donc cinq fois inférieure de l’autre côté du Rhin… J’ai écrit également que la CGT ne se contentait pas de pratiquer le syndicalisme destructeur mais courtisait les islamistes qui forment une grande partie du bataillon de ses gros bras jusqu’à proclamer avec le NPA et le CCIF dans le Bondy Blog que «la colère des banlieues était légitime». Le dernier épisode de la saga CGT qui vient de se dérouler montre combien la politique menée par le syndicat de M. Martinez n’était pas seulement constitutive d’un syndicalisme agressif à l’extrême mais encore d’une idéologie destinée à faire tomber la société libérale et démocratique. Le pauvre peuple français s’est habitué au mal français. Alors que l’institution judiciaire est paralytique, il se sera trouvé un tribunal au Havre pour satisfaire la demande de la CGT de procéder à la fermeture de l’usine Renault de Sandouville sous le prétexte purement formaliste que des vices de forme auraient été commis dans les obligations d’information précédant la reprise. Même la CFDT condamne le procédé. Ainsi, Laurent Berger a déclaré samedi: «il faut arrêter ce type de pratiques (…) La réalité c’est que l’usine va rester fermée lundi. Et 700 intérimaires renvoyés chez eux, ce n’est pas un service rendu aux travailleurs.» Dans un communiqué publié vendredi, la branche métallurgie de Force Ouvrière a aussi dénoncé «une prise d’otages par la CGT et la justice des 2000 salariés et des 700 intérimaires de l’usine». Dois-je rappeler que le syndicalisme à la française, pendant la surréaliste crise de la réforme des retraites, avait déjà endommagé l’économie en imposant une grève des transports sans service minimum, autre spécificité dont la France a le triste monopole? Apparemment oui, puisque les débats fumeux qui auront empesté l’atmosphère médiatique pendant des mois semblent dater d’un siècle… Mais il existe un scandale dans le scandale. C’est que le pauvre peuple français s’est habitué au mal français. Décérébré par un regard médiatique bienveillant envers le syndicalisme à la française, il courbe l’échine, une voussure s’étant formée, il en deviendrait presque consentant. Le cocktail syndicalisme idéologique et judiciarisation sociétale
est un poison létal.
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