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10.03..2020
J’ai voulu savoir pourquoi l’Italie est le pays le plus touché d’Europe par le #coronavirus ![]() Par JEAN-PATRICK GRUMBERG Jean Patrick Grumberg est journaliste. Dans les années 70, il a travaillé sous la direction de Georges Wolinski à Charlie mensuel, puis a été chef d'entreprise, lobbyiste. Il a vécu à Paris, à Los Angeles et à Tel Aviv, et vit entre la Californie et Israël. Italie. Le coronavirus ronge le nord du pays. 17 millions en quarantaine.
Mais pourquoi l’Italie ? J’ai fouillé, les médias ne disent rien. J’ai trouvé. J'ai hésité à publier cet article. Les gens se demandent-ils, comme moi, pourquoi l’Italie est si touchée ? Est-ce que ça vaut un sujet ? Curieusement, les médias ne disent rien, j’ai dû fouiller loin et longtemps pour trouver. Je n’ai même pas réussi à comprendre pourquoi les journalistes n’en parlent pas. Même s’ils ne font plus leur métier, ne sont-ils pas un peu curieux ? Et pourquoi cacheraient-ils les raisons de l’épidémie ? Je n’ai pas de réponse certaine. Des hypothèses mais pas de réponse. ![]() Nouvel An chinois à Prato en 2011 Selon un rapport du ministère de l’Emploi et de la Politique sociale italien de 2016 (8), 333 996 Chinois résident en Italie. C’est la plus importante diaspora chinoise d’Europe. Le chiffre réel est bien plus élevé, beaucoup résident en permanence avec des visas de tourisme expirés. Les Chinois d’Italie vivent surtout dans le nord du pays, le premier et le plus touché par le coronavirus. 22,3% sont en Lombardie, 21,3% en Toscane et 12,7% en Vénétie. Vous ne le lirez nulle part ailleurs pourquoi l’Italie est si touchée.
Mais pourquoi l’Italie ?
Même le site The Local Italy, qui consacre un article spécial (3), et pose la question « Pourquoi y a-t-il eu tant de décès dus aux coronavirus en Italie ? », ne répond pas à la question qu’il pose. Pourquoi l’Italie est si touchée ? Voici pourquoi : Selon le site Chinatown Report (6),
La ville de Prato, en Toscane, a la plus grande concentration de Chinois en Italie, ainsi que sur tout le continent européen. http://chinatownreport.com/prato-chinatown/?fbclid=IwAR0e53Oufa8RIX6ZL80ej3LlCImq35Jpv1uenSAh6urKOrHU4gLhlXyUUTg
![]() Restaurant chinois de Prato La seconde question que je me suis posée, immédiatement après avoir découvert la présence d’une communauté chinoise très importante dans le nord de l’Italie, c’est pourquoi les autorités précisent que les morts sont tous italiens. Un début de réponse se trouve dans l’article du New-Yorker. Il se pourrait que les morts profitent aux trafiquants mafieux : L’accusation la plus étrange était que les Chinois en Toscane ne mouraient pas – ou, du moins, qu’ils ne laissaient pas de corps derrière eux. • En 1991, le gouvernement régional a ouvert une enquête pour savoir pourquoi, au cours des douze mois précédents, pas un seul décès de Chinois n’avait été officiellement enregistré à Prato ou dans deux villes voisines. • En 2005, le gouvernement était toujours perplexe : cette année-là, plus de mille arrivées de Chinois ont été enregistrées, et seulement trois décès. La population locale soupçonnait les mafieux chinois de se débarrasser des cadavres en échange de passeports, qu’ils vendaient ensuite aux nouveaux arrivants, un stratagème qui profitait de l’apparente incapacité de la population indigène à distinguer un Chinois d’un autre. https://www.newyorker.com/magazine/2018/04/16/the-chinese-workers-who-assemble-designer-bags-in-tuscany « Les Chinois d’Italie se sentent comme les Juifs des années trente« Certains Italiens n’aiment pas que les Chinois travaillent plus dur qu’eux et qu’ils réussissent. Dans la région de Prato, quelque six mille entreprises sont enregistrées au nom de citoyens chinois. Francesco Xia, un agent immobilier qui dirige une organisation sociale pour les jeunes Italo-Chinois, a déclaré :
« Les Chinois se sentent comme les Juifs des années trente. Prato est
une ville qui a connu une grave crise économique. Aujourd’hui, il
existe une classe de Chinois qui conduisent des voitures de luxe,
dépensent de l’argent dans les restaurants et s’habillent à la dernière
mode. C’est une situation très dangereuse ».
https://www.newyorker.com/magazine/2018/04/16/the-chinese-workers-who-assemble-designer-bags-in-tuscany Et grâce au dur travail de leurs parents, beaucoup d’enfants Chinois nés en Italie ne veulent pas fabriquer des sacs Dior et Prada à la chaîne comme leurs parents, ils veulent aller à Bocconi, l’université privée prisée par les élites, et qui se trouve à Milan, l’un des épicentres du coronavirus.
A l’université, « Ils nous disent encore parfois des choses racistes –
ils nous appellent « les visages jaunes » – mais je leur réponds en
plaisantant » explique une jeune Chinoise de 18 ans, étudiante à Buzzi,
au Prato.
Des milliers de violations des règles d’hygiène Entre 2014 et 2017, [les officiels Italiens] ont inspecté plus de huit mille entreprises chinoises [de Prato]. Ils frappaient aux portes la nuit et sans prévenir, avant que les propriétaires ne puissent nettoyer, fermer ou rouvrir sous un nouveau nom. Renzo Berti, le directeur de l’unité de prévention des maladies au département de la Santé de la Toscane centrale a dit que cet effort avait amélioré les conditions de travail dans les usines appartenant aux Chinois. Lorsque les raids ont commencé, a-t-il dit, quatre-vingt-treize pour cent des entreprises inspectées commettaient des infractions, des dortoirs illégaux aux câblages exposés. https://www.newyorker.com/magazine/2018/04/16/the-chinese-workers-who-assemble-designer-bags-in-tuscany Protéger la gauche Wenzhou a été la deuxième ville chinoise mise en quarantaine après Wuhan et a le plus grand nombre de cas de coronavirus en dehors de Hubei. Il est bien possible que cette ville portuaire, qui est un hub industriel tourné vers le monde extérieur, contrairement à Wuhan, 800 km à l’intérieur des terres, soit plus responsable de la propagation du virus à l’échelle mondiale que Wuhan. La plupart des Chinois du nord de l’Italie viennent de Wenzhou. Et beaucoup de Chinois de Wenzhou vivent et travaillent… en France, en Espagne et en Hollande.
![]() Il se pourrait bien que la loi du silence des médias sur les causes de l’apparition et de l’explosion du virus en Italie soit de la même veine que la dénomination de Vladimir des terroristes il y a quelques années : mentir au public, lui cacher la vérité, pour protéger la gauche et ne pas contredire sa rhétorique et sa propagande. «
Lors des récentes élections nationales en Italie, la Toscane, qui
depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale a toujours soutenu les
partis de gauche, a donné deux fois plus de voix aux partis de droite
et populistes qu’à ceux de gauche », précise le New-Yorker.
« À une époque où l’Europe est remplie de rhétorique anti-immigrants, dit encore le New-Yorker, les extrémistes politiques ont pointé du doigt les changements démographiques à Prato comme preuve que l’Italie est assiégée.
https://www.newyorker.com/magazine/2018/04/16/the-chinese-workers-who-assemble-designer-bags-in-tuscany
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